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États-Unis

Trump menace de ne plus reconnaître le principe de la "Chine unique"

Donald Trump à la une d'un journal chinois, le 10 novembre 2016.

Donald Trump à la une d'un journal chinois, le 10 novembre 2016. - Greg Baker - AFP

Lors d'une interview sur la chaîne Fox, le président américain élu a menacé de ne plus reconnaître le principe de la "Chine unique", appliqué par les Etats-Unis depuis 1979, dix jours après son appel téléphonique avec la présidente de Taïwan.

Il risque de s'attirer les foudres de Pékin. Le président élu des Etats-Unis Donald Trump a menacé ce dimanche de ne plus reconnaître le principe de la "Chine unique", qui avait conduit Washington à interrompre en 1979 ses relations diplomatiques avec Taïwan, si Pékin ne fait pas de concessions, surtout en matière commerciale.

"Je ne veux pas que la Chine me dicte ce que je dois faire", a-t-il déclaré sur la chaîne Fox, en réponse à une question sur sa récente conversation téléphonique avec la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen.

Une pratique qui rompt avec 40 ans de diplomatie américaine

Se défendant avec véhémence, Donald Trump a expliqué qu'il aurait été insultant de pas répondre à l'appel de Tsai Ing-wen, qui voulait le féliciter pour sa victoire.

"Cela a été un appel très agréable et court. Au nom de quoi une autre nation pourrait-elle dire que je ne peux pas prendre un appel ?", s'est interrogé le futur hôte de la Maison Blanche. Au passage, il a affirmé avoir été informé de cet appel seulement quelques heures auparavant, et non des semaines voire des mois à l'avance, comme l'a notamment affirmé le Washington Post.

En s'entretenant il y a dix jours directement au téléphone avec la présidente de Taïwan, Donald Trump a de fait rompu avec 40 ans de diplomatie américaine. Depuis 1979, pour ne pas froisser Pékin, aucun président ou président élu américain n'avait parlé à un dirigeant taïwanais, et Washington défend la politique d'une "Chine unique".

Un journal chinois fustige l'"ignorance" de Trump

"Je ne sais pas pourquoi nous devons être liés à une politique d'une Chine unique, à moins que nous passions un accord avec la Chine pour obtenir d'autres choses, y compris sur le commerce", a estimé Donald Trump.

"La politique de la Chine unique ne peut être négociée", a tancé dès lundi une tribune non signée publiée sur le site internet du quotidien nationaliste chinois Global Times, jugeant Donald Trump "aussi ignorant en diplomatie qu'un enfant".

Si le prochain président américain soutient ouvertement l'indépendance de Taïwan et accroît les ventes d'armes à l'île, Pékin pourrait alors soutenir "des forces hostiles aux Etats-Unis", menace l'auteur de l'article. "Pourquoi ne pourrions-nous pas les soutenir, ou leur vendre secrètement des armes?", écrit-il.

"Ils ne font rien pour nous aider"

Le futur hôte de la Maison Blanche a également attaqué la politique de défense de la Chine, qui "construit une énorme forteresse en mer de Chine méridoniale".

Concernant la menace présentée par les armes nucléaires de la Corée du Nord, Donald Trump a fait valoir que la Chine, le principal allié de Pyongyang, "pourrait résoudre ce problème". Mais "ils (les Chinois) ne font rien pour nous aider", a-t-il lancé. Pourtant, la Chine a fin novembre voté en faveur de nouvelles sanctions, quand l'ONU a resserré l'étau des sanctions internationales autour de la Corée du Nord en plafonnant les exportations nord-coréennes de charbon vers la Chine.

Bien que particulièrement cinglant avec la Chine depuis des mois, Donald Trump a nommé cette semaine le futur ambassadeur dans le pays, Terry Branstad, un gouverneur qui cultive des liens avec le président Xi Jinping depuis 1985. La diplomatie chinoise a salué cette nomination, qualifiant Terry Branstad, 70 ans, de "vieil ami" , et espérant qu'il contribuerait "au développement des relations bilatérales".

A.S. avec AFP