Obama-Romney : des armées de juristes prêtes à contester l'élection

Les candidats à la présidentielle américaine Barack Obama et Mitt Romney - -
Conséquence du "scepticisme" des Américains vis-à-vis de leur système électoral né de l'épisode de 2000, où George W. Bush avait été déclaré vainqueur de la course à la Maison Blanche plus d'un mois après le scrutin, les candidats à la présidentielle américaine Barack Obama et Mitt Romney ont déployé des armées de juristes dans les bureaux de vote à travers le pays, pour détecter la moindre irrégularité le jour du scrutin.
"C'est une tendance qui a pris de l'importance" depuis la présidentielle de 2000 mais chaque camp a affûté ses armes, devenant "de plus en plus sophistiqué", explique ainsi le professeur de droit à l'Université d'Etat de l'Ohio Edward Foley. Depuis "la débâcle" de 2000, "les équipes de campagne savent que dans un scrutin serré, elles devront se battre sur le recomptage ou aller au tribunal", ajoute Richard Hasen, professeur à l'Université de Californie.
Recrudescence des procédures
Il faut dire que les procédures judiciaires se multiplient à quelques heures d'un scrutin qui s'annonce plus que jamais serré entre les deux candidats à la Maison blanche Barack Obama et Mitt Romney. Particulièrement dans les Swing States, ces État-clés où le résultat de l'élection pourrait se jouer à quelques voix près et qui peuvent encore faire pencher le résultat d'un camp à l'autre.
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En Virginie déjà, une enquête a été ouverte : un employé du comité républicain a été surpris tentant de détruire des cartes d'électeurs.
Lundi, Le Figaro rapportait également l'histoire de ces sans-abris empêchés de vote dans l'Ohio par une directive prise à la dernière minute par le secrétaire d'État républicain John Husted, lequel a modifié les règles de validation des bulletins provisoires, ces bulletins litigieux qui doivent être vérifiés pour pris en compte.
En Floride, dans le comté de Dade à Miami, où le vote est traditionnellement bénéficiaire aux démocrates, un bureau a été fermé au milieu de la journée au nez des électeurs. Les juristes démocrates ont déposé plainte pour tenter de rendre inefficace la restriction de la période de vote anticipée imposée par le gouverneur républicain Rick Scott, rapporte encore le quotidien.
L'ouragan Sandy
Cette année, la variable de l'ouragan Sandy, qui s'est abattu sur le nord-est du pays, ajoutera à la vigilance de chaque camp. Selon Richard Hasen, "l'ouragan force les différentes parties à se démener pour s'assurer que leurs sympathisants pourront se rendre aux urnes et que les bureaux de vote fonctionneront dans les secteurs dévastés".
Aidés d'armadas de bénévoles, les avocats utiliseront, du côté démocrate, un système informatique spécialement mis en place pour traquer les incidents en temps réel et, du côté républicain, le réseau des smartphones pour rapporter immédiatement toute irrégularité à leur quartier général.
Les votes provisoires décisifs ?
Si la marge est trop serrée entre les deux candidats, "il n'est pas irréaliste de penser que le résultat dépendra d'un recompte des voix", estime enfin Ed Foley. Cet analyste avance un scénario selon lequel il faudra ainsi recompter 150.000 à 200.000 des votes, engendrant des recours possibles de l'un ou l'autre camp.
Si c'est le cas, prédisent les experts interrogés, les Américains pourraient ne pas connaître le nom de leur nouveau président avant fin novembre.