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"Maître de la mutilation": un habitant du Maryland accusé d'avoir incité à des meurtres au Cameroun

Le ministère américain de la Justice.

Le ministère américain de la Justice. - MANDEL NGAN © 2019 AFP

Un ressortissant camerounais de 38 ans vivant aux États-Unis a été inculpé pour avoir appelé en ligne à des attaques violentes contre la population civile de son pays et a collecté des fonds pour fournir des AK-47 aux groupes séparatistes.

Il se surnommait le "maître de la mutilation". Dans le Maryland, un homme est accusé d'avoir utilisé les réseaux sociaux pour ordonner à des combattants sécessionnistes au Cameroun de mutiler et de tuer des personnes dans le pays, a annoncé le bureau du procureur de cet État américain vendredi 25 avril dans un communiqué.

"Un grand jury fédéral a inculpé Eric Tano Tataw, 38 ans, de Gaithersburg, dans le Maryland. Ce ressortissant camerounais, également connu sous le nom de 'Garri Master', est accusé d'avoir conspiré en vue de fournir un soutien matériel à des groupes séparatistes armés au Cameroun et d'avoir proféré des menaces visant à blesser ou à kidnapper des civils camerounais", écrivent les autorités.

Selon ces officiels, plusieurs groupes sécessionnistes armés et violents des régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun luttent pour former un nouveau pays appelé "Ambazonie". Ils sont souvent appelés "Amba Boys".

"Ces groupes séparatistes armés ont cherché à obtenir la sécession non seulement en attaquant l'armée camerounaise, mais aussi en attaquant intentionnellement la population civile camerounaise afin de contraindre et d'intimider le gouvernement à autoriser la sécession de ces régions", détaille le communiqué.

"Tataw et ses complices (qui ne sont pas nommés, NDLR) ont orchestré et financé un plan machiavélique visant à renverser un gouvernement étranger. Ils ont eu recours à une violence inimaginable tout en instillant la peur chez des victimes innocentes pour faire avancer leurs objectifs politiques", a déclaré Kelly O. Hayes, procureure du district du Maryland, insistant sur la nécessité que les auteurs de ces actes en "payent le prix".

Eric Tano Tataw aurait personnellement publié des centaines de messages sur Facebook, YouTube et Twitter appelant à "des attaques contre des civils camerounais", cherchant à lever des fonds pour armer les Amba Boys et "menaçants" contre "des personnes soupçonnées de travailler pour le gouvernement ou de collaborer avec lui". Ces messages ont été régulièrement consultés par des dizaines de milliers de personnes.

"Campagne nationale AK"

Les procureurs fédéraux ont expliqué que le suspect vivait dans le Maryland lorsqu'il a publié en ligne des directives demandant aux sécessionnistes de sectionner des membres, une pratique qu'il appelait le "garring", souligne USA Today. Il utilisait l'expression "petit garri" pour désigner l'ablation de doigts ou d'autres petits appendices, et l'expression "grand garri", concernant l'arrachage de gros membres ou le meurtre.

"Dès avril 2018, Tataw a conspiré pour fournir un soutien matériel et des ressources – notamment de l'argent, des armes et du personnel – aux Amba Boys au Cameroun, et a appelé au meurtre, à l'enlèvement et à la mutilation de civils camerounais", précise également la source judiciaire. Des armes à feu, munitions, explosifs sont notamment cités.

"Une campagne de financement, baptisée 'Campagne nationale AK', a été conçue pour équiper chaque Amba Boy au Cameroun d'un fusil AK-47. De septembre 2018 à décembre 2020 environ, Tataw et ses complices ont collecté plus de 110.000 dollars", ajoutent les procureurs du Maryland.

"Tataw a également, à plusieurs reprises, revendiqué personnellement la responsabilité des meurtres, enlèvements et mutilations de civils commis par les Amba Boys en lien avec la cause des séparatistes", poursuivent-ils.

S'il est reconnu coupable, Eric Tano Tataw encourt une peine maximale de 15 ans de prison pour le chef d'accusation de "soutien matériel" et de cinq ans de prison pour chaque chef d'accusation de "communication menaçante visant à blesser ou à kidnapper".

Gabriel Joly