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Bête noire de Donald Trump, ancien chef du FBI: qui est James Comey, inculpé pour entrave à la justice?

James Comey auditionné au Sénat le 8 juin 2017 à Washington D.C.

James Comey auditionné au Sénat le 8 juin 2017 à Washington D.C. - Photo par BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

L'ancien chef du FBI est le premier haut responsable du premier mandat de Donald Trump à subir la "vengeance" promise par le président des États-Unis contre ses adversaires politiques.

Vœu exaucé. Samedi dernier, Donald Trump s'agaçait que sa ministre de la Justice Pam Bondi n'engage pas suffisament de poursuites judiciaires contre ses anciens adversaires politiques. "Justice doit être rendue, maintenant!!!", avait-t-il ordonné dans un message posté sur son réseau Truth Social et depuis supprimé.

C'est désormais chose faite. L'une de ses bêtes noires, l'ancien directeur du FBI James Comey, a été inculpé ce jeudi 26 septembre, notamment pour entrave à la justice. Une décision qui traduit les promesses de vengeance de Donald Trump contre ses adversaires politique.

"JUSTICE EN AMÉRIQUE!", s'est félicité ce dernier sur Truth Social, en décrivant James Comey comme "l'un des pires êtres humains que ce pays ait connus".

L'intéressé lui a rapidement répondu sur Instagram: "Je n'ai pas peur". "La peur est l'arme des tyrans". "Ma famille et moi savons depuis des années ce qu'il en coûte de s'opposer à Donald Trump", a-t-il assuré, appelant à ne pas vivre "à genoux" face au président. "J'ai confiance dans la justice fédérale et je suis innocent", a conclu cet ancien responsable de la première administration Trump.

Une présumée fausse déclaration au Sénat

Ex-chef de la police fédérale, âge de 64 ans, James Comey est poursuivi pour fausse déclaration et entrave à la justice "en relation avec son témoignage oral devant la commission judiciaire du Sénat américain" en 2020, selon le ministère de la Justice, précisant qu'il encourait jusqu'à cinq ans d'emprisonnement.

En visioconférence depuis son domicile de Virginie, James Comey était alors interrogé dans le cadre de l'enquête du FBI sur les liens supposés entre la Russie et la première campagne présidentielle de Donald Trump, en 2016.

Il lui est reproché, sans plus de précisions, d'avoir menti en affirmant n'avoir jamais autorisé quiconque à servir de source anonyme à un journaliste dans le cadre d'une enquête. "Selon l'acte d'accusation, cette déclaration était fausse", souligne Pam Bondi dans un communiqué.

Le document d'inculpation est signé de Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison Blanche précipitamment nommée procureure fédérale de Virginie en remplacement du magistrat Erik Siebert. Ce dernier, faute de preuves suffisantes, refusait d'engager des poursuites contre James Comey et d'autres cibles de Donald Trump.

Attaques frontales contre Donald Trump

Nommé par Barack Obama en 2013, James Comey était directeur du FBI au moment de l'élection Donald Trump en 2016 puis de son investiture en 2017. À l'été 2016, il ouvre une enquête sur l'affaire des emails d'Hillary Clinton, en même temps qu'une autre sur les soupçons de collusion entre le candidat Donald Trump et la Russie.

Le renseignement américain (FBI, CIA et NSA), puis le procureur spécial Robert Mueller ont conclu à une ingérence russe dans l'élection américaine de 2016, sans pour autant confirmer une collusion entre l'équipe Trump et Moscou.

Mais le président américain ne pardonne pas à James Comey d'avoir lancé cette enquête, tout comme d'avoir abandonné les charges contre son ancienne adversaire Hillary Clinton. En mai 2017, il limoge brutalement le patron du FBI.

Libéré de ses obligations, James Comey multiplie les attaques contre Donald Trump. Dans ses mémoires publiées en 2018, il le qualifie de "président contraire à l'éthique, déconnecté de la vérité et des valeurs institutionnelles", rapporte l'agence de presse AP. "Son leadership est transactionnel, égocentrique et basé sur la loyauté personnelle", écrivait-il encore, comparant le milliardaire républicain à un parrain mafieux.

Des conversations privées divulguées

En 2019, dans un rapport, l'inspecteur général du ministère de la Justice lui reproche d'avoir divulgué à la presse, après son limogeage et via un proche, le contenu d'un memo résumant des conversations privées avec le président Trump. Le rapport d'enquête précisant que le memo ne contenait aucune information classifiée, James Comey échappe à toute poursuite.

La haine entre les deux hommes ressurgit après la réélection de Donald Trump. En mai dernier, l'ex-chef du FBI est accusé par le camp républicain d'avoir "appelé à l'assassinat du président" via un message codé sur ses réseaux sociaux. Sur Instagram, il avait publié une photo de coquillages formant le message "86 47" dans le sable. Le premier chiffre est utilisé dans l'argot américain pour signifier le souhait de faire partir quelqu'un ou quelque chose, le second pouvant se référer à Donald Trump, 47e président des États-Unis.

"C'était un message politique. Je ne m'étais pas rendu compte que certaines personnes associaient ces chiffres avec de la violence", avait justifié James Comey après avoir supprimé la publication.

François Blanchard