BFMTV
États-Unis

"Il me piétinait la tête": au procès de P. Diddy, le témoignage de son ex-compagne Cassie

Le rappeur Sean Combs, alias P. Diddy lors du Met Gala à New York, le 7 mai 2018.

Le rappeur Sean Combs, alias P. Diddy lors du Met Gala à New York, le 7 mai 2018. - Angela Weiss - AFP

La chanteuse, qui a été en couple avec le rappeur pendant une dizaine d'années, a témoigné à la barre, au deuxième jour des débats. Cassie, qui avait déposé une plainte au civil pour violences et viol contre P. Diddy à l'automne 2023, poursuites qui avaient été réglées à l'amiable, est revenue sur la relation largement entachée de violences physiques et psychologiques.

Sa plainte avait permis à des dizaines d'autres femmes de libérer leur parole, et de déclencher l'un des procès les plus suivis de ces dernières années. Au deuxième jour des débats au procès de P. Diddy, influent magnat du hip-hop, son ancienne compagne, la chanteuse Cassie, a témoigné d'une relation empreinte de violences sexuelles, physiques et psychologiques.

Témoin clé de l'accusation au procès pour trafic sexuel de P. Diddy, Cassie Ventura a relaté le début de sa relation avec le rappeur, qui a duré "pendant un peu plus de 10 ans". En 2006, P. Diddy - Sean Combs de son vrai nom - embrasse la jeune femme, qui fêtait son 21e anniversaire.

"Vouliez-vous embrasser Sean lors de votre 21e anniversaire?" lui a demandé la procureure Emily Johnson. "Non, pas pour mon 21e anniversaire", a répondu la chanteuse, qui s'est souvenue s'être enfuie, en larmes.

"Je n'avais pas l'impression d'avoir mon mot à dire"

Celle qui s'est décrit à l'époque comme étant "vraiment perdue", une "jeune et nouvelle artiste", a expliqué l'emprise de P. Diddy sur elle et sa carrière. "C'est lui qui décidait de la plupart des décisions, voire de toutes les décisions. J'avais un nouveau disque, je le jouais pour lui. C'est lui qui choisissait ce qui allait suivre pour moi", a déclaré Cassie Ventura.

Sean Combs décidait d'"une grande partie de sa vie", de sa carrière et allait jusqu'à décidé de sa façon de s'habiller. "Et je n'avais pas l'impression d'avoir mon mot à dire, étant vraiment jeune, naïve, totalement à l'écoute des gens."

La chanteuse avait déposé une plainte au civil retentissante pour violences et viol contre P. Diddy à l'automne 2023. Des poursuites immédiatement réglées à l'amiable, mais qui ont été suivies de dizaines d'autres plaintes de femmes et d'hommes pour violences sexuelles contre l'icône du hip-hop de la "East Coast" des États-Unis.

"Il me frappait à la tête, me jetait par terre, me traînait"

Plusieurs mois plus tard, une vidéo diffusée par CNN d'images captées par une caméra de vidéo surveillance dans un hôtel de Los Angeles, et que les jurés ont revu dans la salle d'audience, montrait le rappeur frappant la chanteuse et la traînant au sol. Ces épisodes étaient loin d'être occasionnels, comme l'a raconté la chanteuse.

"Il me frappait à la tête, me jetait par terre, me traînait, me donnait des coups de pied, me piétinait la tête si j'étais à terre", s'est-elle remémorée.

"Trop souvent", a répondu Cassie, lorsque la procureure lui a demandé à quelle fréquence P. Diddy se montrait violent avec elle. L'artiste a décrit ses blessures, ses hématomes, ses lèvres cassées et ses "bleus sur tout le corps".

Les "freaks-offs" au cœur du dossier

Le cœur du dossier d'accusation contre P. Diddy sont les "freak-offs", des marathons sexuels, lors desquels le rappeur est accusé d'avoir contraint des femmes à avoir des relations sexuelles avec des travailleurs du sexe et il menaçait de diffuser les vidéos si elles parlaient.

"Au cours de la première année de notre relation, il a proposé cette idée, cette rencontre sexuelle qu'il appelait voyeurisme et au cours de laquelle il me regardait avoir des rapports sexuels avec un tiers, plus précisément avec un autre homme", a détaille Cassie Ventura, interrogée sur l'origine de ces "freak-offs".

La première fois où P. Diddy a évoqué l'idée avec Cassie, cette dernière se souvient avoir été choquée. Mais l'emprise du rappeur était plus forte. "J'ai également ressenti un sentiment de responsabilité. C'était lui qui partageait quelque chose comme ça avec moi. J'étais confuse, nerveuse, mais je l'aimais beaucoup et je voulais le rendre heureux", a-t-elle expliqué.

"J'en suis arrivée à un point où je n'avais pas vraiment l'impression d'avoir le choix, je ne savais pas vraiment ce que 'non' pouvait signifier ou ce que 'non' pouvait devenir", a-t-elle ajouté, expliquant que ces "freak-offs" pouvaient durer, 36, 48 ou 72 heures.

"Les 'freak-offs' sont devenus un travail, où il n'y avait pas d'espace pour faire autre chose que de récupérer et d'essayer de se sentir à nouveau normal", a-t-elle confié.

Chantage sexuel

La chanteuse a raconté avoir également fait face au "chantage" de Sean Combs, qui était en possession de documents compromettants sur elle, notamment de nature sexuelle. "Sean est une personne très polarisée, mais aussi très charmante, il est donc difficile de décider à ce moment-là de ce dont vous avez besoin quand il vous dit ce qu'il veut."

Jugé pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d'enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l'inculpation d'entreprise criminelle, Sean Combs encourt la prison à vie.

Fanny Rocher