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États-Unis: une ado de 13 ans contrainte de garder un bébé issu d'un viol face aux lois anti-avortement

Des manifestants pour défendre le droit à l'avortement devant la Cour suprême à Washington le 5 mai 2022.

Des manifestants pour défendre le droit à l'avortement devant la Cour suprême à Washington le 5 mai 2022. - ANNA MONEYMAKER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP

Le magazine américain Time rapporte l'histoire d'une adolescente américaine de 13 ans tombée enceinte à la suite d'un viol. La jeune fille vit dans le Mississippi, un État ayant interdit l'avortement en 2022, et a dû garder l'enfant.

Un exemple très concret des effets des lois interdisant l'avortement. Le magazine américain Time relatait ce lundi l'histoire d'Ashley et Regina (les prénoms ont été modifiés), une adolescente et sa mère qui vont devoir élever le bébé de la première. Ashley a 13 ans, et elle affirme avoir été violée par un inconnu dans la rue quelques mois plus tôt.

La jeune fille et sa mère se sont rendues compte qu'elle était enceinte alors qu'elle en était à sa 10 ou 11e semaine de grossesse. Mais elles habitent dans le Mississippi, un État du sud-est des États-Unis qui a interdit l'avortement en 2022, à la suite de la révocation par la Cour suprême du droit constitutionnel à l'avortement dans le pays.

Des exceptions peu appliquées

Les avortements y restent autorisés en cas de risque pour la vie de la femme enceinte, ou si la grossesse est issue d'un viol. Mais dans les faits, comme le pointait le New York Times en janvier, il est difficile pour ces femmes d'avoir accès à l'avortement, notamment car les médecins craignent d'être tout de même poursuivis.

Aussi, Regina et Ashley ont envisagé d'aller jusqu'à Chicago, un trajet de neuf heures en voiture. Cela signifiait financer un logement sur place, l'essence, mais aussi payer pour les frais médicaux de l'avortement. "Je n'ai pas les fonds nécessaires pour tout cela", a expliqué Regina au Time.

Une situation "douloureuse"

Depuis son second trimestre, Ashley suit l'école à la maison. "Nous avons gardé le silence, car les gens émettent des jugements négatifs lorsqu'ils ne savent pas ce qu'il se passe", explique sa mère. Après 39 semaines de grossesse, l'adolescente a accouché et face à la perspective d'être mère, elle se dit "nerveuse".

"Cette situation est surtout douloureuse parce qu'il s'agissait d'un enfant innocent qui faisait ce que font les enfants, jouer dehors, et c'était mon enfant", déclare Regina.

Le 24 juin 2022, la haute cour, profondément remaniée par l'ex-président Donald Trump qui y a nommé trois juges conservateurs, a annulé son arrêt Roe v. Wade qui garantissait depuis 1973 le droit à l'avortement aux Américaines sur l'ensemble du territoire.

Dès lors, les États ont retrouvé leur liberté de légiférer et une vingtaine d'entre eux ont décrété dans la foulée une interdiction ou des restrictions importantes de l'accès à l'avortement. D'autres ont au contraire adopté de nouvelles garanties. L'État de Washington par exemple protège ses soignants en cas de poursuite par des États où l'avortement est interdit.

Sophie Cazaux