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Harvard: Donald Trump menace d'interdire l'accueil d'étudiants étrangers

Donald Trump à la Maison Blanche ce mercredi 12 mars.

Donald Trump à la Maison Blanche ce mercredi 12 mars. - Mandel NGAN

Donald Trump a gelé les 2,2 milliards de dollars de subventions à l'université d'Harvard. Il menace désormais de lui interdir d'accueillir des étudiants étrangers si elle ne se soumet pas à un contrôle en matière d'admissions et d'orientation politique.

L'administration du président américain Donald Trump a menacé ce mercredi 16 avril d'interdire à l'université américaine de Harvard d'accueillir des étudiants étrangers, si elle n'accepte pas de se soumettre à un contrôle en matière d'admissions, d'embauche et d'orientation politique.

"Si Harvard ne peut pas prouver qu'elle est en pleine conformité avec ses obligations de déclaration, l'université perdra le privilège d'inscrire des étudiants étrangers", a écrit le ministère américain de la Sécurité intérieure dans un communiqué.

Harvard "enseigne la haine et l'imbécilité", et "ne devrait plus recevoir de fonds fédéraux", a écrit le président américain sur Truth Social, deux jours après avoir coupé 2,2 milliards de dollars de subventions fédérales pluriannuelles à l'établissement.

La présidence de l'université avait marqué les esprits lundi en s'opposant publiquement aux demandes de l'administration Trump, destinées notamment selon la Maison Blanche à lutter contre l'antisémitisme dans les campus.

Donald Trump a rétorqué qu'Harvard, vieille de quatre siècles, ne pouvait "plus être considérée comme un lieu d'apprentissage décent et ne devrait figurer sur aucune liste des grandes universités dans le monde". L'institution recrute essentiellement "des gauchistes radicaux, des idiots et des cervelles de moineau", selon lui.

L'université dans le viseur des conservateurs

L'institution située dans l'agglomération de Boston, qui compte environ 30.000 étudiants et qui a formé 162 lauréats de prix Nobel, est en tête depuis des années du classement mondial de Shanghai des établissements d'enseignement supérieur.

Mais elle est dans le viseur de conservateurs à l'offensive contre les universités américaines qu'ils considèrent trop à gauche. Des attaques qui ont redoublé au printemps 2024 lors des mobilisations étudiantes propalestiniennes contre la guerre menée par Israël à Gaza.

À l'époque, les républicains avaient accusé les universités d'avoir failli à la protection d'étudiants juifs et leurs présidentes, dont celles de Harvard et de Columbia, avaient démissionné.

Donald Trump avait exigé mardi de Harvard qu'elle présente ses "excuses" et fustigé son exemption fiscale, estimant qu'elle devrait "être imposée comme une entité politique, si elle continue de défendre sa 'folie' politique, idéologique, inspirée par/soutenant le terrorisme".

L'université privée, dotée d'un immense patrimoine de plus de 50 milliards de dollars, bénéficie d'une exemption vis-à-vis du fisc fédéral et de l'État du Massachusetts.

Harvard défend son indépendance

Donald Trump accuse l'université et ces autres institutions de laisser prospérer l'antisémitisme sur leurs campus, et son gouvernement leur a demandé de mettre en place toute une série de mesures, dont un "audit" des opinions des étudiants et du corps enseignant, faute de quoi l'État fédéral couperait ses subventions.

Mais il a obtenu une fin de non recevoir de Harvard. Dans une lettre adressée aux étudiants et aux enseignants, le président de l'université, Alan Garber, avait rappelé lundi que l'institution avait déjà engagé des actions contre l'antisémitisme depuis plus d'un an et assuré qu'elle n'abandonnerait pas "son indépendance, ni ses droits garantis par la Constitution", comme le Premier amendement sur la liberté d'expression.

"Aucun gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir, ne doit dicter aux universités privées ce qu'elles doivent enseigner, qui elles peuvent enrôler et embaucher, ni sur quelles matières elles peuvent mener des recherches", a-t-il ajouté.

Un gel des subventions avec effet immédiat

Cette prise de position a provoqué le gel de 2,2 milliards de subventions fédérales, avec effet immédiat: Sarah Fortune, une chercheuse reconnue, s'est vu ordonner l'arrêt de ses recherches sur la tuberculose par la structure fédérale qui la finance, les NIH, a fait savoir à l'AFP l'école de santé publique d'Harvard.

De plus, "si Harvard ne peut pas prouver qu'elle est en pleine conformité avec ses obligations de déclaration, l'université perdra le privilège d'inscrire des étudiants étrangers", a écrit le ministère américain de la Sécurité intérieure dans un communiqué.

La réponse ferme d'Harvard a été saluée par des centaines de professeurs et plusieurs figures du Parti démocrate, dont Barack Obama, l'ancien président saluant un "exemple" et espérant que d'autres "institutions" suivront cette voie.

Harvard se distingue de Columbia à New York, qui a accepté d'engager de profondes réformes, vues par certains comme une capitulation devant l'administration Trump. Columbia a néanmoins assuré qu'elle refuserait "tout accord qui nous ferait renoncer à notre indépendance".

E.R. avec AFP