BFMTV
États-Unis

États-Unis: après le gel des subventions de Harvard, 60 collèges et universités dans le viseur de Trump

Le président américain Donald Trump assiste à l'UFC 314 au Kaseya Center à Miami, Floride, le 12 avril 2025.

Le président américain Donald Trump assiste à l'UFC 314 au Kaseya Center à Miami, Floride, le 12 avril 2025. - Mandel NGAN / AFP

L'administration Trump a annoncé le gel de 2,2 milliards de dollars de subventions à l'université Harvard.

Après les menaces, l'action. Donald Trump a gelé, ce lundi 14 avril, 2,2 milliards de dollars de subventions à l'université Harvard, l'une des plus prestigieuses des États-Unis, qui refuse de se plier aux exigences de la Maison Blanche, qualifiées d'illégales et d'inconstitutionnelles par la direction de l'université, selon le Washinton Post.

L'administration Trump accuse Harvard de laisser prospérer l'antisémitisme sur son campus et exige une série de changements radicaux dans sa direction, ses admissions étudiantes et ses embauches de personnel. Ce qu'a refusé la direction universitaire.

Harvard continuera à "lutter contre l'antisémitisme" et indique rester "ouvert au dialogue", mais "n'est pas prête à accepter des demandes qui vont au-delà de l'autorité légale de cette administration ou de toute autre administration", est-il détaillé dans une lettre de sa direction publiée par le Washington Post.

60 universités dans le viseur de Trump

Si Harvard s'est opposée frontalement à l'administration Trump, d'autres universités outre-Atlantique sont elles aussi dans le viseur de la Maison Blanche et menacées de gel de leurs subventions.

Le ministère de l'Éducation américain a indiqué dans un communiqué de presse daté du 10 avril qu'au moins 60 collèges et universités faisaient l'objet d'une enquête concernant leur réponse à l'antisémitisme.

"Aujourd'hui, le Bureau des droits civiques (OCR) du ministère de l'Éducation des États-Unis a adressé des lettres à 60 établissements d'enseignement supérieur les avertissant de possibles mesures coercitives s'ils ne respectaient pas leurs obligations (...) qui visent à protéger les étudiants juifs sur les campus", peut-on lire dans le document.

"Ces lettres sont adressées à toutes les universités américaines faisant actuellement l'objet d'une enquête pour violation du Titre VI relative au harcèlement et à la discrimination antisémites", est-il précisé.

Et à la secrétaire à l'Éducation, Linda McMahon, d'insister: "les universités américaines bénéficient d'investissements publics considérables financés par les contribuables américains. Ce soutien est un privilège et il est conditionné au respect scrupuleux des lois fédérales antidiscriminatoires."

Ainsi, la longue liste des universités ayant reçu une fameuse lettre de l'administration Trump compte parmi les plus prestigieuses du pays, notamment celles de Columbia, Princeton ou Yale.

Gels en cascade

Outre Harvard, l'université de Princeton a, en effet, elle aussi vu ses subventions gelées. En réaction, son président déclarait alors que l'université collaborerait certes avec l'administration pour lutter contre l'antisémitisme, mais défendrait toutefois vigoureusement la liberté académique et le droit à une procédure régulière, rapporte le Washington Post.

Comment raconter l’actualité aux enfants et aux ados ? Chaque semaine, en compagnie de leur invité, Zacharie Legros & Nathan Laporte décryptent un événement qui fait la une.
Donald Trump est-il un dictateur?
16:31

De son côté, l'université de Columbia a été informée le 7 mars dernier de la coupe de 400 millions de dollars de subventions fédérales. Sa présidente a par ailleurs été contrainte à la démission, pour "son incapacité à mettre fin à l'antisémitisme après les manifestations sur le campus l'an dernier", détaille CNN.

Mais finalement, la prestigieuse faculté new-yorkaise s'est pliée aux injonctions des autorités américaines et contrairement à Harvard, a engagé ces dernières semaines des réformes drastiques demandées par l'administration pour tenter de récupérer ces fonds.

"Liberté académique"

Les universités Northwestern et Cornell, décrites comme des "institutions universitaires qui tolèrent l'antisémitisme" par le ministre de la Défense de Donald Trump, Pete Hegseth, ont été coupées de leur côté de 500 millions de dollars de subventions du Pentagone.

"Harvard a montré l'exemple aux autres établissements d'enseignement supérieur en rejetant une tentative illégale et maladroite d'étouffer la liberté académique", a commenté sur X l'ancien président démocrate Barack Obama, diplômé en droit en 1991 de la prestigieuse université.

"Espérons que d'autres institutions suivront", a-t-il ajouté.

Le Massachusetts Institute of Technology (MIT), autre université bostonienne de renom, a engagé deux actions en justice contre les réductions de financement de divers services fédéraux.

"Les récentes actions du gouvernement interfèrent avec le fonctionnement normal du MIT, diminuant notre capacité à servir la nation", a écrit lundi dans une lettre Sally Kornbluth, présidente de l'université.

11% des revenus de Harvard

Mais aucune de ces universités ne s'est, pour l'heure, directement confrontée aux menaces de l'administration Trump. Sauf Harvard. Ce que saluent bon nombre de commentateurs, dont le sénateur socialiste Bernie Sanders.

"Félicitations à Harvard pour avoir refusé de renoncer à ses droits constitutionnels face à l’autoritarisme de Trump. D’autres universités devraient suivre leur exemple. Et au lieu de travailler bénévolement pour Trump, les cabinets d'avocats lâches devraient défendre ceux qui croient en l’État de droit", écrit-il sur X.

L'université de Cambridge va donc devoir se priver de 2,2 milliards de dollars de subventions pluriannuelles et de 60 millions de dollars de contrats. Les subventions fédérales, particulièrement importantes dans l'enveloppe consacrée à Harvard pour la recherche, représentent 11% des revenus de l'université qui, selon son dernier bilan financier, évalue à 6,4 milliards de dollars ses dépenses de fonctionnement en 2024.

Lucie Valais Journaliste BFMTV