Convention démocrate : mode d’emploi

- - -
Le Parti démocrate américain se réunit à partir de mardi en convention, une semaine après les républicains, afin d'investir Barack Obama et de se mettre en ordre de marche pour une présidentielle de novembre qui s'annonce aussi acharnée qu'indécise.
Quelque 6.000 délégués vont se retrouver à Charlotte (Caroline du Nord, sud-est) pendant trois jours pour cette grand-messe destinée à présenter leur candidat sous le meilleur angle, comme l'ont fait les conservateurs avec Mitt Romney en Floride.
Pourquoi une convention ?
L'investiture du président sortant ne fait aucun doute, personne ne lui ayant contesté le droit d'essayer de conserver quatre années supplémentaires la Maison Blanche aux démocrates. Dénuée d’enjeu, la convention doit surtout être une démonstration de force, quelques jours à peine après celle des républicains à Tampa. Elle a surtout pour objectif de propulser le président sortant en tête des sondages, résultat attendu du classique sursaut enregistré dans l'opinion après les conventions nationales, lors desquelles les candidats bénéficient d'une couverture médiatique importante et peuvent prononcer leurs discours sans contradicteurs.
Ce type d’événement réussit généralement à Barack Obama. C'est à l'occasion de la convention de Boston ayant investi John Kerry en 2004 que l’actuel président des Etats-Unis avait acquis une véritable envergure nationale. Il avait appelé à dépasser les frontières partisanes, argument qui était ensuite devenu récurrent dans son discours.
Quatre ans plus tard, porté par une vague de ferveur populaire, le jeune sénateur avait accepté l'investiture de son parti à Denver (Colorado, ouest), à l'issue d'une campagne de primaires qui l'avait vu triompher de justesse de Hillary Clinton.
Pourquoi Charlotte ?
Charlotte est avec 751.000 habitants (1,8 million avec la banlieue) la 17e ville des Etats-Unis, en forte expansion. C'est un important centre financier. La ville est située en Caroline du Nord (sud-est), un des Etats-clés qui peut faire basculer l'élection présidentielle en faveur de Mitt Romney ou de Barack Obama en novembre. Obama l'avait remporté de justesse en 2008.
35.000 visiteurs sont attendus pour la convention et 15.000 journalistes. Exactement 5.964 délégués démocrates - un record - sont également annoncés pour la convention qui a mobilisé 10.000 bénévoles.
Qui prendra la parole ?
De grands noms du parti vont se succéder à la tribune du Time Warner Cable Arena, un complexe de 15.000 places au cœur de la ville.
Michelle Obama sera l'intervenante phare de la première journée, avec un défi à relever pour la femme du président : éclipser la prestation d'Ann Romney, épouse du candidat républicain Mitt Romney la semaine dernière à Tampa.
Hillary Clinton sera absente de Charlotte. La chef de la diplomatie américaine effectue une tournée asiatique. En revanche, son mari Bill, président de 1993 à 2001, et excellent orateur, s'est vu réserver le rôle de vedette de la soirée de mercredi.
John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, doit quant à lui parler jeudi de sécurité nationale, un domaine dans lequel Barack Obama estime posséder un bilan flatteur, entre la fin de l'engagement américain en Irak et l'élimination d'Oussama Ben Laden.
Véritable trophée de guerre du camp démocrate, l'ex-gouverneur de Floride ayant rompu avec le parti républicain en 2010, Charlie Crist s'exprimera également à Charlotte jeudi. Côté people, l'actrice Eva Longoria sera de la partie, comme Clint Eastwood le fut côté républicain à Tampa.
Le président n'arrivera que mercredi à Charlotte. Le point d'orgue du rassemblement aura lieu jeudi soir, quand Barack Obama prononcera un discours d'investiture après son colistier, le vice-président Joe Biden, dans le stade Bank of America, qui compte 73.000 places.
Quels thèmes seront abordés ?
"Ce mardi, je vais vous offrir ce que je crois être la meilleure voie à suivre, un chemin de croissance économique, de création d'emplois et de renforcement de la classe moyenne", a lancé samedi Barack Obama à Des Moines, dans l'Iowa, un de ces Etats-clé de l'élection.
Confortablement élu en novembre 2008 le président américain ne finit pas de devoir gérer les conséquences d’une crise financière ayant éclaté moins de deux semaines après son adoubement, en particulier un chômage qui n'est toujours pas retombé sous les 8%, contre 5% avant la récession.
Difficile pour le président sortant de reprendre le slogan du "changement", lui qui incarne désormais le pouvoir en place. Et "l'espoir" de 2008 s'est pour beaucoup brisé sur la crise, donnant à Mitt Romney, ancien entrepreneur multimillionnaire, un angle pour attaquer ce qu'il estime être l'incompétence de Barack Obama en matière économique.
"Une des promesses [de Barack Obama en 2008] était qu'il allait créer plus d'emplois, et aujourd'hui, 23 millions de personnes sont au chômage, ou ont cessé de chercher un emploi ou sont sous-employés", a lancé le candidat républicain lors d'un déplacement de campagne dans l'Etat-clé de l'Ohio (nord). "Si un entraîneur a un bilan de 0 victoire et 23 millions de défaites, il est temps de le remplacer", a-t-il poursuivi.
Les débats, pendant trois jours, feront également la part belle aux minorités sur lesquelles Barack Obama compte pour une nouvelle victoire, mais aussi des débats de société comme l'avortement et la contraception, vus comme des points faibles pour les conservateurs au sein du crucial électorat féminin.
Où en sont les sondages ?
Le suspense reste entier dans une course à la Maison Blanche acharnée entre Mitt Romney et Barack Obama.
Un peu plus de deux mois avant la présidentielle du 6 novembre, les sondages montrent une égalité quasi parfaite entre les deux candidats, le démocrate ayant vu fondre l'avantage qu'il détenait sur l'ancien gouverneur du Massachusetts il y a encore deux mois.
Reparti de Tampa (Floride, sud-est) avec l'investiture républicaine, Mitt Romney, selon la dernière livraison de la société Rasmussen, samedi, était crédité de 47% des voix contre 44% au président sortant. C'est la première fois que l'écart est aussi important en sa faveur.