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"Ça me fait tellement mal": une Cubaine expulsée des États-Unis alors que son mari et sa fille de 17 mois sont américains

Heydi Sanchez a été expulsé à Cuba, alors qu'elle vivait avec son mari et sa fille américains aux États-Unis depuis six ans, en avril 2025

Heydi Sanchez a été expulsé à Cuba, alors qu'elle vivait avec son mari et sa fille américains aux États-Unis depuis six ans, en avril 2025 - Heydi Sanchez Tejeda - Facebook

Vivant aux États-Unis depuis six ans, Heidy Sánchez a été expulsée vers son pays d'origine, Cuba, parce qu'elle était entrée illégalement dans le pays. Elle est soudainement éloignée de son mari et de sa fille de 17 mois américains.

Une mère et sa fille soudainement séparées. Heidy Sánchez, aide-soignante cubaine, a été expulsée vers son pays d'origine, alors qu'elle vivait depuis six ans aux États-Unis et que son mari et sa fille de 17 mois sont américains. En cause, la nouvelle politique d'immigration menée par l'administration Trump qui se veut plus ferme sur les immigrés entrés de façon illégale sur le territoire américain.

Arrivée en 2019 aux États-Unis via le Mexique, Heidy Sánchez affirme qu'elle avait un rendez-vous programmé avec l'administration américaine pour entrer de façon légale sur le territoire américain. Elle dit n'avoir cependant pas pu s'y rendre en raison de menaces venant de cartels.

La Cubaine assure avoir ensuite pu entrer aux États-Unis et avoir rencontré des agents de l'administration auxquels elle a expliqué être en danger au Mexique, alors qu'elle devait y rester dans le cadre du programme "Restez au Mexique" lancé alors par Donald Trump.

Après neuf mois passés au sein du service d'immigration, elle est enfin libérée et s'installe en Floride. Elle y étudie pour devenir aide-soignante et se marie avec un Américain d'origine cubaine avec qui elle a une petite-fille, appelée Kailyn. De cette vie construite loin de son pays d'origine, Heidy Sánchez garde un souvenir ému.

"Je ne sais pas si c'était le rêve américain, mais c'était mon rêve, ma famille", confie-t-elle à CNN.

"Ne prenez pas ma fille"

Mais sa vie bascule en peu de temps. Contactée en avril dernier par l'Immigration and Customs Enforcement (ICE), elle pense se rendre à un simple rendez-vous de routine, mais se retrouve en garde à vue. Elle est alors soudainement séparée de Kailyn.

"Je leur ai dit: 'ne prenez pas ma fille'. Ils ne m'ont jamais dit si je pouvais la prendre avec moi", se souvient avec douleur Heidy Sánchez.

Désormais, l'aide-soignante est de retour à Cuba, loin de son mari et de sa fille, avec laquelle elle doit se contenter de discussions téléphoniques. "Je dois tirer mon lait pour ma fille et le jeter à la poubelle. Ça me fait tellement mal", se désole-t-elle.

Pour sa fille, la situation est incompréhensible. "Son père lui met des enregistrements de mes chants pour qu'elle puisse s'endormir", assure Heidy Sánchez.

L'administration assure qu'elle pouvait partir avec sa fille

Son avocate Claudia Cañizares estime que sa cliente "ne méritait pas d'être expulsée comme elle l'a été", alors qu'elle allaite une enfant en bas âge et souffre d'épilepsie. Elle déplore notamment la façon dont sa cliente a été déplacée dans plusieurs lieux de détention, sans qu'elle puisse voir sa défense, avant son expulsion.

De son côté, le Département de la sécurité intérieure affirme que la Cubaine était parfaitement libre de prendre sa fille avec elle lorsqu'elle a dû quitter le sol américain.

"L'administration Trump donne aux parents qui se trouvent illégalement dans le pays la possibilité de s'expulser eux-mêmes", ajoute le Département. Ce dernier ajoute que les immigrés illégaux peuvent toujours, après leur départ des États-Unis, "revenir de manière légale et correcte afin de revenir vivre le rêve américain".

Désormais, il faudrait sans doute des années à Heidy Sánchez avant qu'elle puisse retourner aux États-Unis de façon légale. "Je souffre, mais je sais qu'elle souffre encore plus", dit-elle, pensant d'abord à sa fille.

Juliette Desmonceaux