"C'est là que je vais rester": menacé de retrait de passeport, un fils de Bolsonaro s'installe aux États-Unis

Eduardo Bolsonaro, fils de l'ancien président brésilien Jair Bolsonaro, à Buenos Aires, le 4 décembre 2024. - JUAN MABROMATA / AFP
Un fils de l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro, proche du camp Trump, a annoncé mardi 17 mars qu'il renonçait "temporairement" à son mandat de député pour s'installer aux Etats-Unis, alors qu'il est menacé de confiscation de son passeport.
Troisième fils de l'ancien dirigeant d'extrême droite, Eduardo Bolsonaro a voyagé à plusieurs reprises aux États-Unis ces derniers mois pour défendre les intérêts de son père, inculpé pour un projet présumé de coup d' État pour se maintenir au pouvoir malgré sa défaite électorale en 2022.
Le parlementaire de 40 ans entretient de bonnes relations avec le président américain Donald Trump, qui l'a présenté comme son "ami" le mois dernier, lors d'un forum ultra-conservateur à Washington.
Un complot pour éviter le retour du président Lula
La semaine prochaine, la Cour suprême brésilienne doit se réunir pour décider de l'ouverture ou non d'un procès pénal contre Jair Bolsonaro.
Ce dernier encourt une lourde peine de prison après avoir été inculpé pour avoir supposément ourdi un complot de longue date pour éviter le retour aux affaires du président actuel de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui l'a battu à la présidentielle d'octobre 2022.
Par ailleurs, le 3 mars, le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes a demandé au parquet d'analyser une plainte de parlementaires du Parti des travailleurs, la formation de Lula, réclamant la saisie du passeport d'Eduardo Bolsonaro, au motif que ses voyages aux États-Unis constitueraient "une menace contre l'ordre public et la souveraineté nationale".
Le parquet a envoyé sa réponse mardi, quelques heures après l'annonce du fils de l'ex-président, recommandant que le juge ne donne pas suite à cette plainte, pour absence de preuves. Il revient désormais au juge Moraes de décider s'il suit ou non cette recommandation.
"C'est exactement là que je vais rester"
Ce magistrat honni de l'extrême droite brésilienne est également chargé du dossier qui pourrait déboucher sur un procès pénal contre Jair Bolsonaro.
"Si Alexandre de Moraes veut confisquer mon passeport, voire me faire arrêter, pour que je ne puisse pas dénoncer ses crimes aux États-Unis, c'est exactement là que je vais rester", a déclaré le fils de l'ex-président dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
"Je ne reviendrai que lorsque (le juge Moraes) sera puni pour ses crimes et son abus d'autorité", a-t-il insisté, fustigeant l'"acharnement totalitaire d'un psychopathe sans limite".
Mardi, Jair Bolsonaro a loué le "patriotisme" de son fils, se montrant visiblement ému lors d'une déclaration à la presse à Brasilia.
Eduardo Bolsonaro, qui se trouve aux États-Unis depuis fin février, a précisé qu'il se mettait en retrait de son mandat de député à titre "temporaire".
Jair Bolsonora inéligible jusqu'en 2030
Il a promis de lutter pour "l'amnistie" des personnes condamnées pour leur implication dans les émeutes du 8 janvier 2023, quand des milliers de bolsonaristes ont saccagé les sièges des institutions à Brasilia, une semaine après l'investiture de Lula.
Ces événements avaient rappelé l'assaut du Capitole à Washington par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021.
Jair Bolsonaro a vu son passeport confisqué il y a plus d'un an, dans le cadre de l'enquête sur un présumé projet de coup d'État à Brasilia.
Inéligible jusqu'en 2030 pour ses attaques sans preuve contre le système électoral brésilien, il a dit à plusieurs reprises espérer que Donald Trump joue de son "influence" en sa faveur.