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États-Unis

Audition de Comey: Donald Trump touché, mais loin d'être coulé

Si l'image de marque de Donald Trump est encore mise à mal par l'audition de l'ex-directeur du FBI, il garde encore ses appuis politiques.

N'en déplaise aux nombreux détracteurs de Donald Trump, le président américain garde un esprit combatif. "Nous allons nous battre et gagner", a-t-il déclaré après l'intervention publique de James Comey. Mais il conserve surtout l'appui d'une majorité républicaine soudée derrière lui. La procédure dite d'"impeachment" participe d'une volonté politique qui n'est pas encore là. Pour l'instant, tant il est vrai que l'audition publique de l'ex-patron du FBI dégrade un peu plus l'image du président américain. Mais, à qui en fin de course, profitera le grand déballage de ce jeudi? 

James Comey, 56 ans, n'a pas grand-chose à y gagner, à part une revanche personnelle sur la manière dont il a été écarté de son poste. Les coups portés sont rudes. Il a blâmé le président pour lui avoir intimé d'abandonner un volet de l'enquête russe sur un proche, Michael Flynn. Il a accusé l'administration Trump de diffamation et sous-entendu que le président lui-même était un menteur.

"Comey est indépendant jusqu'à un certain point"

Des accusations qui lui valent un démenti de la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Huckabee Sanders sous la forme d'un: "Je peux dire avec certitude que Donald Trump n'est pas un menteur." Mais pour Nicole Bacharan, spécialiste des Etats-Unis, "le plus étonnant, c'est qu'il a dit qu"il avait orchestré lui-même les fuites dans la presse". L'avocat du président, Marc Kasowitz, a indiqué après l'audition publique du directeur du FBI, qu'il envisageait d'éventuelles poursuites pour ces fuites dans les médias.

L'ex-directeur du FBI n'a eu de cesse de rappeler l'indépendance de sa fonction, puisque si le président Obama l'avait nommé et que le président Trump l'a ensuite limogé, il dépend du ministre de la Justice. "Comey est indépendant jusqu'à un certain point, rappelle Nicole Bacharan, car il fait partie de l'exécutif, il dépend du ministre de la Justice, qui lui même dépend du président."

Le bras de fer politique ne fait que commencer

Au-delà de ces considérations institutionnelles, le style Trump apparaît une fois de plus au grand jour, pour le meilleur diront ses fans, pour le pire diront tous les autres. L'épisode où il intime l'ordre, mais sans jamais le donner formellement, où il suggère de laisser tomber l'enquête sur le général Flynn, son conseiller qualifié de "chic type" et qui a fini par démissionner, est édifiant.

"C'est comme Le Parrain. Dans le film, on ne dit jamais 'il faut liquider untel ou untel', c'est toujours plus subtil. Sans être un grand spécialiste des institutions, Trump sait qu'il ne peut lui dire directement d'arrêter l'enquête", analyse Nicole Bacharan.

Pour François Durpaire, autre spécialiste des arcanes américaines, le fait que James Comey ait pris des notes dès sa rencontre avec le président en dit beaucoup sur la personnalité du président. Ainsi, relève-t-il "James Comey a rencontré deux fois Barack Obama en trois ans, dont une fois pour lui dire au revoir et qu'il a discuté avec Donald Trump neuf fois en trois mois. C'est complètement atypique."

"Le rapprochement que souhaitait Trump avec la Russie est mort"

De même, l'explication de James Comey sur les raisons qui l'ont poussé à prendre des notes de ses conversations avec Donald Trump alors qu'il ne l'avait jamais fait avec son prédécesseur, en dit long. L'ex-directeur de l'agence de renseignement évoque "la personnalité du président".

"Une personnalité qui lui laisse penser que Donald Trump pourrait mentir, sur la nature de leurs conversations", relève François Durpaire.

Ces éléments à charge ne constituent, quoi qu'on en pense, pas des preuves permettant d'engager une procédure de destitution du président américain pour lequel les républicains devraient se tordre eux-mêmes le bras. Mais ces révélations risquent de le gêner à plusieurs titres. En termes d'image, mais aussi dans ses ambitions politiques. 

"Le rapprochement que souhaitait Trump avec la Russie est mort. Car on sait que les Russes sont intervenus en sa faveur", tranche Nicole Bacharan.

David Namias