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Quand James Comey se plaignait des manières trop amicales de Donald Trump

Donald Trump et James Comey à la Maison Blanche, le 22 janvier.

Donald Trump et James Comey à la Maison Blanche, le 22 janvier. - Capture d'écran YouTube.

Avant que Donald Trump limoge le directeur du FBI le 9 mai dernier, il a tout fait pour se concilier les bonnes grâces de celui qui dirigeait l'enquête sur de possibles connexions entre les Russes et l'équipe de campagne du candidat républicain. C'est en tout cas ce qu'affirme un ami de James Comey.

Le 9 mai dernier Donald Trump limogeait James Comey, jusqu'alors directeur du FBI, sur fond d'enquête du Bureau sur de possibles liens entre l'équipe du milliardaire durant la campagne présidentielle et le pouvoir russe. Cet acte abrupt a accéléré le feuilleton des polémiques autour du 45e président des Etats-Unis et la fin des relations tumultueuses entre les deux hommes. Il fut un temps toutefois où Donald Trump se montrait plus amène envers le patron du "Bureau". 

"Cette fois-ci, je les ai dressés"

Benjamin Wittes, cadre du think thank Brookings Institute et rédacteur en chef du Lawfare Blog (un site d'actualité traitant de la politique du point de vue du droit), a relayé dans les colonnes du New York Times les confidences que son ami James Comey lui a faites lors d'un déjeuner, deux mois environ après l'intronisation de Donald Trump. James Comey, encore en poste à cette date, lui a d'abord raconté un coup de fil que venait de lui passer directement le chef d'Etat. Ce dernier voulait savoir quand le FBI comptait dire publiquement qu'il ne faisait pas à titre personnel l'objet d'une enquête. Cet appel direct de l'hôte de la Maison Blanche au directeur du FBI n'est pas d'usage. James Comey le lui avait alors fait remarqué pour toute réponse, ajoutant que si le président voulait en savoir plus sur l'avancement de l'enquête il devait adresser ses demandes au ministère de la Justice qui pourrait ensuite les lui transmettre.

"Cette fois-ci, je les ai dressés", a assuré James Comey à Benjamin Wittes, au sujet du président des Etats-Unis et son entourage, après avoir raconté cette anecdote. Car ce n'était pas la première fois que James Comey avait eu à se dégager de tentatives trop familières de l'exécutif. Si J.Edgar Hoover, inoxydable patron du FBI pendant près de quatre décennies, a entretenu des relations étroites avec plusieurs administrations, la règle a changé. Aujourd'hui, la coutume pour les directeurs du FBI est de limiter les échanges avec la tête du pays à des contacts formels. Comme le note ici le site de CNN, James Comey avait d'autant plus besoin d'éviter les rapports directs avec Donald Trump que la défiance s'était installée à son égard dans le camp démocrate depuis qu'il avait décidé de rouvrir l'enquête sur les e-mails d'Hillary Clinton à quelques jours de l'élection. 

La stratégie des rideaux

Les discussions entre Donald Trump et James Comey ont parfois tourné à la démonstration d'affection du premier envers le second. Ainsi, comme le directeur du FBI l'a raconté à son ami durant leur repas en commun, le 22 janvier dernier, deux jours après l'investiture du président américain, celui-ci a convoqué les directeurs de différents services fédéraux pour les remercier d'avoir assuré la sécurité lors de la cérémonie. James Comey, rétif à l'idée de s'y rendre, avait finalement honoré l'invitation au nom de son institution. 

Mais, au moment d'apparaître dans cette réunion organisée dans le salon bleu de la Maison Blanche, James Comey avait employé un subterfuge. Vêtu d'un costume bleu, il s'était placé devant les rideaux bleus de la pièce escomptant que l'effet ton sur ton le dérobe au regard de Donald Trump. Mais ce stratagème un brin désespéré mis en place par le patron du très célèbre FBI pour échapper au chef de la première puissance mondiale avait échoué. Comme le montre la captation vidéo de l'événement, Donald Trump l'avait repéré. "Oh, et voici Jim!" s'était-il écrié, faisant signe à son interlocuteur de le rejoindre. "Il est devenu plus célèbre que moi!" s'était encore amusé le chef d'Etat. Benjamin Wittes a retranscrit la suite:

"Comey a dit que tout en traversant la pièce il était déterminé à ne pas donner l'accolade à Donald Trump. C'était déjà assez déplaisant comme ça de devoir aller jusqu'à la poignée de mains. Et Comey a de grands bras donc il a anticipé la poignée de mains en attrapant celle du président. Mais Trump l'a attiré à lui pour l'embrasser sans que Comey lui rende la pareille. Si vous regardez la vidéo, on voit une personne serrer la main et l'autre donner une accolade."

Un appel de dernière minute

James Comey n'était pas encore au bout de ses peines. Le 1er mars, alors qu'il était sur le point de prendre un hélicoptère, James Comey a reçu un appel: "Le président a besoin de vous parler, c'est urgent", lui dit la Maison Blanche. Le directeur du FBI avait alors tourné le dos de son hélicoptère pour se mettre aussitôt en relation avec la présidence...pour se rendre compte que Donald Trump ne voulait que "papoter", d'après les termes de Benjamin Wittes. "Trump essayait encore de se le mettre dans la poche", a affirmé l'ami du désormais ex-directeur du FBI. 

Le président des Etats-Unis a fini par changer d'avis. 

Robin Verner