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Antisémitisme sur des campus américains: la présidente de UPenn démissionne après son audition controversée

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Lorsqu'il lui a été demandé lors d'une audition au Congrès si le fait d'"appeler au génocide des juifs" constituait une infraction au réglement de UPenn, Elizabeth Magill a répondu qu'il s'agissait d'une "décision dépendant du contexte" mais que "si le discours se transforme en comportement, il peut s'agir de harcèlement".

La présidente de la prestigieuse université privée américaine UPenn, à Philadelphie, et le chef de son conseil d'administration ont annoncé samedi 9 décembre leur démission après une audition critiquée devant le Congrès à Washington concernant l'antisémitisme sur les campus aux Etats-Unis.

"Ce fut un honneur de servir cette remarquable institution", a écrit Elizabeth Magill, présidente de l'université de Pennsylvanie depuis l'été 2022, dans un bref message de "démission" rendu public par le président du conseil d'administration de l'établissement, Scott Bok.

Un "faux pas malheureux"

"L'ancienne présidente Liz Magill a fait un faux pas malheureux la semaine dernière - comme ses deux paires présidentes d'universités (Claudine Gay de Harvard et Sally Kornbluth du Massachusetts Institute of Technology - MIT) après cinq heures d'audition agressive devant une commission du Congrès", a expliqué Scott Bok dans un communiqué.

"Après cela, il était évident que sa position n'était plus tenable et elle et moi avons décidé qu'il était temps pour elle de partir", a-t-il écrit en annonçant aussi sa propre démission "avec effet immédiat".

Le Congrès a ouvert une enquête parlementaire jeudi sur ce qu'il a qualifié d'"antisémitisme endémique" sur les campus américains. Lorsqu'il lui a été demandé si le fait d'"appeler au génocide des juifs" constituait une infraction au réglement de UPenn, Elizabeth Magill a répondu qu'il s'agissait d'une "décision dépendant du contexte" mais que "si le discours se transforme en comportement, il peut s'agir de harcèlement".

Controverse dans les universités américaines

Depuis les attaques sanglantes du Hamas contre Israël le 7 octobre, suivies de représailles meurtrières d'Israël, le conflit secoue des universités de la côte Est comme Harvard près de Boston, UPenn à Philadelphie et Columbia à New York.

De riches donateurs ont notamment fait pression sur leurs dirigeants pour qu'ils condamnent clairement les attaques du Hamas et soutiennent Israël. A Columbia, deux groupes d'étudiants pro-palestiniens ont également été suspendus d'activités.

Depuis mardi particulièrement, les trois présidentes de UPenn, Harvard et du MIT sont sommées de démissionner, notamment par des dizaines de parlementaires, après leur audition - jugée "absolument honteuse" par le gouverneur démocrate de Pennsylvanie - devant une commission du Congrès au sujet de la hausse de l'antisémitisme sur les campus depuis le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.

Une audition fortement critiquée

Les trois femmes ont répondu mardi aux questions de la parlementaire républicaine Elise Stefanik qui assimilaient les appels d'étudiants à l'"intifada" à une exhortation à "un génocide contre les juifs en Israël et dans le monde".

Lorsque l'élue a demandé si "appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non?", Claudine Gay a aussi répondu: "cela peut, en fonction du contexte", avant d'ajouter: "si c'est dirigé contre une personne".

Vendredi, la patronne de Harvard s'est dite "désolée" que ses "mots (aient) amplifié la détresse et la douleur" et Elizabeth Magill a diffusé un message vidéo de regrets après qu'un donateur a menacé de retirer 100 millions de dollars de fonds à UPenn.

S.C avec AFP