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Amérique Latine

Le pape François en terrain conquis à Cuba

Les portraits du pape François ont été installés dans les rues de La Havane

Les portraits du pape François ont été installés dans les rues de La Havane - Filippo Monteforte - AFP

Particulièrement actif dans le processus de rapprochement de l'île avec les États-Unis, le souverain pontife posera samedi le pied à Cuba. Et s'il devrait prononcer huit discours, les associations des Droits de l'homme ne fondent que peu d'espoir sur un véritable changement de politique du régime. 

C'est peu dire que le pape François est attendu impatiemment à Cuba. À tel point que les autorités ont libéré plus de 3.500 prisonniers politiques la semaine passée. Un geste sans précédent même si des décisions similaires avaient accompagné les visites de Jean-Paul II et de Benoît XVI.

Pendant quatre jours sur l'île, le souverain pontife donnera huit discours, dont un place de la Révolution, et pourrait même rencontrer Fidel Castro. Lors de sa venue au Vatican au printemps, le président cubain Raul Castro avait fait part du "désir" de son frère de rencontrer le pape, a expliqué un porte-parole du Vatican.

Les Cubains attendent aussi de pied ferme celui qui a oeuvré au rapprochement de leur île avec les États-Unis en décembre 2014. Lors de l'annonce, Barack Obama l'avait d'ailleurs remercié pour son action et l'annonce avait été faite...le jour de l'anniversaire du pape François. Au passage, le Vatican aurait aussi négocié des droits accrus pour les catholiques en échange de son appui à la levée de l'embargo.

Le pape "ne pourra pas faire de miracles"

Sur place, le pape de 78 ans rencontrera aussi des jeunes, des familles, des évêques mais aucune rencontre n'est en revanche prévue avec des opposants au régime ou avec des représentants des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie), qui mènent à La Havane des pourparlers de paix avec des délégués du gouvernement de Bogota.

D'ailleurs, si "le pape François souhaite que sa visite ait un grand impact', explique Elizardo Sanchez, président de la Commission cubaine des droits de l'Homme (CCDH), organisation interdite mais tolérée par les autorités, "il ne pourra pas faire de miracle, parce que (le changement) ne dépend que de la volonté politique du gouvernement cubain, qui n'en a aucune".

José Daniel Ferrer, autre opposant très en vue dans l'est du pays, ne s'attend pas non plus à de grandes répercussions, mais il "garde espoir sur le fait que le pape puisse demander plus de démocratie et de respect des droits de l'Homme, même si c'est en privé".

L'immigration au coeur du voyage

Mais l'action de François, premier pape latino de l'Histoire et issu d'une famille italienne venue en Argentine, n'est pas terminée. En effet, après Cuba, il se rendra aux États-Unis où la question de l'immigration - importante entre l'île et la Floride toute proche - sera centrale dans ses multiples (18) prises de parole officielle.

De la tribune du Congrès américain à celle de de l'ONU, le pape "va s'adresser à un pays qui a une longue histoire d'ouverture, d'accueil, d'intégration des différentes vagues migratoires", a expliqué le secrétaire d'État, Pietro Parolin, numéro 2 du Saint-Siège.

Enfin, comme souvent dans les voyages pontificaux, les symboles seront des actes politiques. Fait rare, l'avion du pape le conduira directement de La Havane à la base aérienne militaire d'Andrews à Washington, où l'attendra, en personne, le président Barack Obama.

Samuel Auffray avec AFP