Cuba: les autorités bloquent les textos contenant les mots "démocratie" ou "droits de l'homme"

Un Cubain prend une photo avec son téléphone portable, à La Havane, en juillet 2015. - Yamil Lage - AFP
Les autorités cubaines ont trouvé une nouvelle parade pour freiner la dissidence sur l'île caribéenne. Selon plusieurs activistes, le gouvernement de Raul Castro a en effet mis en place un système de blocage des textos contenant certains mots-clés tels que "démocratie", "droits de l'homme" ou "grève de la faim".
Un filtre mis en place par le service de télécommunications
Dans un article publié la semaine dernière sur le site "14 y medio", la blogueuse dissidente Yoani Sanchez et le journaliste Reinaldo Escobar expliquent ainsi qu'un filtre installé par l'Etecsa, la compagnie cubaine de télécommunications, empêche certains mots en espagnol de circuler sur le réseau de téléphonie mobile national.
"La découverte de ce filtre est arrivée presque par hasard", racontent les deux activistes. "Plusieurs utilisateurs, agacés parce que leurs messages étaient marqués comme envoyés mais non remis, ont échangé leurs expériences, avant d'arriver à la conclusion que les messages contenant les mots 'droits de l'homme', 'grève de la faim' ou 'José Daniel Ferrer' (un dissident et ancien prisonnier politique, ndlr) n'arrivaient jamais à destination", écrivent-ils encore.
De nombreux textos contenant des expressions bannies par ce filtre se sont ainsi perdus dans la nature, sans jamais arriver à destination. En revanche, les messages contenant le mot "manifestation" ont bien été transmis, selon l'agence Reuters.
Une surveillance généralisée
Pour l'heure, difficile de dire depuis quand le gouvernement a ordonné la mise en place de ce filtre sur les SMS. Mais cette nouvelle mesure s'inscrit dans une longue lignée de tentatives pour faire taire la dissidence, tentatives passant également par les arrestations arbitraires et les restrictions sur la liberté d'expression, qui visaient jusqu'alors essentiellement les activistes connus ou les manifestations.
Avec ce nouveau système, la surveillance des échanges par textos est donc généralisée à l'ensemble de l'île. Les télécommunications sont depuis longtemps extrêmement verrouillées à Cuba, où seuls 30% de la population ont un accès régulier à Internet. Aujourd'hui encore, les Cubains doivent payer pour accéder au web, en se connectant dans des cyber-cafés moyennant deux dollars de l'heure. Et si les points d'accès au wifi gratuit se sont multipliés ces derniers mois - l'une des conséquences de la normalisation des relations de La Havane avec Washington - ils restent bien souvent saturés.