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Algérie: contre le risque de "chaos", Bouteflika invite à la vigilance

Abdelaziz Bouteflika, le 23 novembre 2017

Abdelaziz Bouteflika, le 23 novembre 2017 - Ryad Kramdi - AFP

Toujours hospitalisé en Suisse, le président a diffusé un communiqué dans lequel il exhorte les Algériens "à veiller à la préservation" du pays, après presque deux semaines de mobilisation contre un cinquième mandat.

Le président algérien a appelé ce jeudi, dans un message diffusé par l'agence officielle APS, à "la vigilance" contre une possible "infiltration" de l'actuel mouvement de contestation contre sa candidature à un cinquième mandat, susceptible de provoquer le "chaos".

Un salut au "pluralisme démocratique" algérien

"Nombre de nos concitoyens et concitoyennes" ont manifesté "à travers les différentes régions du pays, afin d'exprimer pacifiquement leurs opinions", indique Abdelaziz Bouteflika, sans évoquer le mot d'ordre de rejet de sa candidature à la présidentielle du 18 avril.

Dans ce message, délivré à l'occasion de la Journée internationale de la Femme du 8 mars, le chef de l'État, toujours officiellement hospitalisé en Suisse, "se félicite de cette maturité de (ses) concitoyens (...) et du fait que le pluralisme démocratique, pour lequel nous avons tant milité, soit désormais une réalité palpable".

La "tragédie" des années de plombs... 

"Néanmoins, nous nous devons d'appeler à la vigilance et à la prudence quant à une éventuelle infiltration de cette expression pacifique par une quelconque partie insidieuse, de l'intérieur ou de l'extérieur, qui pourrait (...) susciter la Fitna (discorde) et provoquer le chaos avec tout ce qu'ils peuvent entraîner comme crises et malheurs", met-il en garde.

"Je vous exhorte aujourd'hui tous, et en premier lieu les mères, à veiller à la préservation de l'Algérie, en général, et de ses enfants en particulier", ajoute-t-il, après avoir rappelé la "tragédie nationale" de la décennie de guerre civile (1992-2002).

... Et celle du printemps arabe

Le président a également évoqué "des crises et des tragédies induites par le terrorisme" face auxquelles ils faut "préserver" le pays, réfutant toute "logique d'intimidation" dans ses propos.

"Nombreux sont les haineux à l'étranger à regretter que l'Algérie ait traversé, grâce à vous Algériens et Algériennes, paisiblement et sereinement, la déferlante du printemps arabe", poursuit-il, dénonçant "ces cercles" qui "n'ont jamais cessé de conspirer contre notre pays".

Un retour toujours incertain

En annonçant sa candidature le 10 février, Abdelaziz Bouteflika a mis fin à des mois d'incertitudes sur ses intentions mais aussi déclenché une contestation contre lui jamais-vue depuis qu'il a été élu la première fois il y a 20 ans.

Âgé de 82 ans et affaibli par les séquelles d'un AVC en 2013, qui l'empêchent depuis de s'adresser de vive voix à ses concitoyens et ne lui autorisent que de rares sorties publiques, le président Bouteflika est hospitalisé depuis le 24 février à Genève en Suisse pour des "examens médicaux périodiques", selon la présidence algérienne. Son retour en Algérie n'a toujours pas été annoncé.

Esther Paolini avec AFP