Une Tunisie sous tension attend un nouveau gouvernement

Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali, le 9 février 2013, dans son bureau - -
La Tunisie, confrontée aux retombées politiques de l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, était plongée dans l'incertitude dimanche, avec un Premier ministre en conflit avec son parti islamiste et des ministres proches du président laïc menaçant de démissionner.
Les cinq membres du gouvernement issus du Congrès Pour la République (CPR), le parti du président Moncef Marzouki, ont fait savoir qu'ils annonceraient lundi s'ils démissionnaient faute d'avoir obtenu dans la semaine le limogeages de deux islamistes ministres de la Justice et des Affaires étrangères.
L'armée était toujours déployée et les forces de l'ordre sur le qui-vive, même si les heurts entre policiers et manifestants ont quasiment cessé, à l'exception d'échauffourées nocturnes à Gafsa et Sidi Bouzid (centre) et à Kebili (sud). Un policier a été tué et 59 autres ont été blessés, selon un bilan officiel.
Coup de poker
La classe politique et la rue attendent le résultat du coup de poker de Hamadi Jebali, numéro 2 d'Ennahda, qui a pris de court son parti et ses alliés laïcs de centre-gauche en annonçant préparer la création d'un gouvernement de technocrates pour éviter au pays "le chaos" après l'assassinat de Belaïd dont sont accusés, sans preuve, les islamistes.
Vilipendé par son propre camp mais soutenu par l'opposition laïque, le Premier ministre islamiste a menacé samedi de démissionner s'il ne parvenait pas à former avant le milieu de la semaine prochaine un cabinet de personnalités "sans appartenance politique".
Il a précisé que les ministres de l'Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères devaient changer, alors qu'Ennahda refuse depuis des mois de lâcher ces postes. Les futurs membres du cabinet devront aussi s'engager à ne pas participer aux prochaines élections.
Entre la division des islamistes, un boycott de l'ANC par quatre courants de l'opposition depuis le meurtre de Belaïd et les désaccords de principe sur la nature du futur régime, la rédaction de la Constitution reste dans l'impasse.
Or, sans loi fondamentale, les élections ne peuvent avoir lieu, alors que la colère gagne régulièrement la rue depuis des mois faute de réformes économiques et sociales .