Tunisie: double manifestation prévue mardi

Rached Ghannouchi devait rencontrer lundi le syndicat général du syndicat UGTT. - -
Les islamistes d’Ennahda appellent à un rassemblement mardi, à l’occasion de la journée tunisienne de la femme. Le parti au pouvoir entend ainsi concurrencer la manifestation de l’opposition, alors que le pays connaît une crise politique depuis l’assassinat d’un député de l'opposition fin juillet.
Ennahda souhaite que ses partisans se regroupent à partir de 16h (heure locale) sur l'avenue Habib Bourguiba, au centre de Tunis, haut lieu de la révolution de janvier 2011. Le regroupement aura pour slogan "les femmes de Tunisie, piliers de la transition démocratique et de l'unité nationale", ont assuré les islamistes dans un communiqué publié lundi.
Ce thème rappelle leur volonté de s’appuyer sur un maintien des "institutions transitoires" en place depuis près de deux ans pour faire face à la crise actuelle et, faute de consensus, sur une nouvelle constitution.
L'opposition demande toujours la démission du gouvernement
De leur côté, les opposants au gouvernement appellent à manifester mardi soir. Ils souhaitent eux aussi défendre les droits des femmes. Le rassemblement doit rejoindre la place qui fait face à l’Assemblée nationale constituante (ANC) où l'opposition organise des manifestations quotidiennes depuis l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet, attribué à la mouvance jihadiste.
Les opposants espèrent une mobilisation massive, à l’image de celle du 6 août qui a rassemblé quelque 40.000 manifestants. Ceux-ci demandent la dissolution de l’ANC et la mise en place d’un gouvernement de technocrates.
Malgré une rencontre prévue ce lundi entre le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi et le secrétaire général du syndicat UGTT Houcine Abassi, aucune sortie de crise ne semble en vue. La centrale syndicale demande elle aussi la démission du gouvernement et la mise en place d’un cabinet de technocrates alors que les islamistes proposent un gouvernement réunissant tous les partis politiques et la tenue d’élections en décembre.
Ces négociations ont été souhaitées par le président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, qui avait annoncé mardi 6 août la suspension des travaux de la Constituante jusqu’à ce que le pays parvienne à sortir de la crise dans laquelle il est plongé. Sa décision a été contestée lundi 12 août par les élus d'Ennahda, qui ont demandé la reprise des activités de l'ANC.
Les islamistes sont accusés de vouloir revenir sur les acquis octroyés aux citoyens tunisiens par le code du statut personnel du 13 août 1956. Il leur est également reproché d’avoir favorisé par leur laxisme l’essor de la mouvance salafiste dont les actions déstabilisent le pays depuis la révolution de janvier 2011.