Niger: les putschistes accusent la France d'avoir "libéré des terroristes" et violé la fermeture de l'espace aérien

Des centaines de personnes soutenant le coup d'État au Niger se sont rassemblées le 3 août 2023 à Niamey. - AFP
Le régime militaire du Niger issu d'un coup d'Etat a accusé mercredi la France d'avoir violé la fermeture de l'espace aérien nigérien et "libéré des terroristes", ce qui contitue selon lui "un véritable plan de déstabilisation de notre pays".
Les "forces françaises ont fait décoller" mercredi de N'Djamena, au Tchad, "un avion militaire" à "6H01 locales", indique un communiqué du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui a pris le pouvoir au Niger, ajoutant: "Cet aéronef a volontairement coupé tout contact avec le contrôle aérien à l'entrée de notre espace de 6H39 à 11H15 locales".
Des accusations fermement démenties par la France dans l'après-midi, qui indique que "les militaires français positionnés au Niger le sont à la demande des autorités nigériennes légitimes, pour lutter contre les groupes terroristes qui déstabilisent la région et martyrisent les populations dans le Sahel".
"Le mouvement aérien réalisé ce jour au Niger a fait l'objet d'un accord préalable et d'une coordination technique avec les forces nigériennes, autorisation confirmée par écrit", précise le Quai d'Orsay dans un communiqué. Et d'ajouter: "Aucune attaque contre un camp nigérien n'a eu lieu. Aucun terroriste n'a été libéré par les forces françaises qui luttaient contre ce fléau depuis de nombreuses années au Sahel au péril de la vie de leurs soldats".
Les putschistes dénoncent "un plan de déstabilisation"
Dans le même communiqué, le CNSP accuse Paris d'avoir "d'une facon unilatérale libéré des terroristes prisonniers", le mot "terroriste" désignant des jihadistes armés. Après leur libération, ces jihadistes ont participé à "une réunion de planification" d'une attaque "de positions militaires dans la zone des trois frontières" entre Niger, Burkina Faso et Mali, dans l'ouest nigérien, ajoute le CNSP.
Sans faire de lien direct avec cette "libération" de jihadistes prisonniers, il annonce dans le même communiqué que, mercredi matin, "la position de la garde nationale de Boukou", dans la zone des trois frontières, "a fait l'objet d'une attaque dont "le bilan n'est pas encore établi".
"Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays", affirme le CNSP, dont le but est de le "discréditer" et de "créer une rupture avec le peuple qui le soutient, de créer un sentiment d'insécurité généralisée".
En conséquence, il est demandé aux Forces de défense et de sécurité (FDS) de "relever leur niveau d'alerte sur l'ensemble du territoire" et "au peuple de rester mobilisé et vigilant".
Ces accusations contre l'ancienne puissance coloniale dans la région, particulièrement prise pour cible depuis le coup d'Etat du 26 juillet, surviennent à la veille d'un sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) au Nigeria. Cette organisation, jugée "à la solde" de la France par les militaires ayant pris le pouvoir à Niamey, les a menacés d'une intervention armée en cas d'échec de la diplomatie afin de rétablir dans ses fonctions le président nigérien renversé, Mohamed Bazoum.