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Incendies, gaz lacrymogènes... À Madagascar, d'importantes manifestations contre le pouvoir en place

Les forces de sécurité tirent des gaz lacrymogènes alors que des manifestants protestent contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025.

Les forces de sécurité tirent des gaz lacrymogènes alors que des manifestants protestent contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025. - RIJASOLO

Fatigués des coupures d'eau et d'électricité, des habitants de Madagascar se sont rassemblés dans les rues d'Antananarivo en signe de protection contre le gouvernement.

La capitale malgache était toujours plongée, ce jeudi 25 septembre, au soir dans le chaos après une journée marquée par des pillages, tirs de gaz lacrymogènes et incendies de domiciles de trois personnalités politiques dans un contexte de colère contre le pouvoir.

Reprenant à leur compte le drapeau pirate tiré de la série japonaise "One Piece" et signe de ralliement de mouvements de contestation anti-régime, y compris en Indonésie ou au Népal, les manifestants répondaient à un appel à la mobilisation lancé sur les réseaux sociaux contre les incessantes coupures d'eau et d'électricité.

 Un motocycliste passe devant des barricades érigées par des manifestants qui protestent contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025.
Un motocycliste passe devant des barricades érigées par des manifestants qui protestent contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025. © RIJASOLO

En déplacement à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU, le président malgache Andry Rajoelina ne s'était toujours pas exprimé sur la situation dans la capitale jeudi soir.

Malgré un quadrillage dès les premières heures de la matinée du centre d'Antananarivo par un important dispositif des forces de sécurité, des banques, supérettes, magasins d'électroménager et même une station du téléphérique, symbole du pouvoir, ont été ciblés par des départs d'incendies et des pillages.

Un couvre-feu décrété

À la nuit tombée, les saccages se poursuivaient sans rencontrer de présence sécuritaire. Le rassemblement a été interdit la veille sur ordre du préfet d'Antananarivo, arguant du risque de troubles à l'ordre public.

Après une journée à résonner au rythme des détonations de grenades lacrymogènes et des sirènes des forces de l'ordre, il a décrété jeudi soir un couvre-feu jusqu'à vendredi 5 heures locales.

Signe de l'inflammabilité de la situation, une centaine d'élèves du lycée français étaient bloqués en fin de journée dans l'établissement, interdits de le quitter pour des questions de sécurité. Toutes les écoles de la ville doivent rester fermer vendredi et le vol Air France devant atterrir à Antananarivo jeudi soir a été déroulé vers Maurice.

Un manifestant fait un geste en direction des forces de sécurité lors d'une manifestation contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025.
Un manifestant fait un geste en direction des forces de sécurité lors d'une manifestation contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025. © RIJASOLO
Des manifestants lancent des pierres sur les policiers lors d'une manifestation contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025.
Des manifestants lancent des pierres sur les policiers lors d'une manifestation contre les coupures répétées d'eau et d'électricité à Antananarivo, le 25 septembre 2025. © RIJASOLO

En dépit de ses richesses naturelles exceptionnelles, Madagascar reste l'un des pays les plus pauvres de la planète. Près de 75% de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2022, d'après la Banque mondiale.

Les domiciles de trois parlementaires proches du pouvoir ont été embrasés et des manifestants ont caillassé les pompiers tentant d'éteindre les flammes touchant la maison de la sénatrice Lalatiana Rakontondrazafy, nommée en début d'année par le président.

Le président Andry Rajoelina, 51 ans, a été réélu fin 2023 lors d'un scrutin boycotté par l'opposition et auquel moins de la moitié des électeurs inscrits a pris part. Reporter Sans Frontières a dénoncé jeudi des "violences policières contre au moins trois journalistes" dans un communiqué et a appelé les "autorités à identifier les responsables".

Les manifestants, par groupes d'une centaine de personnes, ont tenté de déjouer en début de journée les barrages des forces de sécurité pour rallier le point de rendez-vous dans le quartier d'Ambohijatovo

O.E avec AFP