Ex-otages: tout sur leur premier jour en France

François Hollande, Laurent Fabius, Jean-Yves Le Drian et les quatre ex-otages au Sahel, sur le tarmac de Villacoublay, mercredi 30 octobre. - -
Après plus de trois ans d'absence, les proches des quatre otages au Sahel, libérés mardi, ont enfin pu laisser éclater leur joie. Daniel Larribe, Thierry Dol, Pierre Legrand et Marc Féret, les quatre Français enlevés en septembre 2010 sur le site Areva d'Arlit, au Niger, ont posé le pied sur le tarmac de l'aéroport de Villacoublay peu avant midi, ce mercredi. Venus les accueillir au pied de l'avion: leurs familles et leurs proches, très émus, et le président François Hollande. Récit de cette journée de retour.
> De retour après plus de 1.000 jours de captivité
L'avion de la République française en provenance de Niamey, transportant les quatre ex-otages d'Arlit, libérés mardi après plus de trois ans de captivité, s'est posé aux environs de 11h45 sur le tarmac de l'aéroport de Villacoublay, dans les Yvelines.
Précédés du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, Daniel Larribe, 62 ans, Thierry Dol, 32 ans, Marc Féret, 46 ans et Pierre Legrand, 28 ans, ont foulé le sol français peu avant midi, avant de tomber dans les bras de leurs proches, venus les accueillir aux côtés de François Hollande.

Particulièrement émues, l'épouse et les filles de Daniel Larribe se sont effrondrées en larmes en prenant leur mari et père dans leurs bras. Thierry Dol, tout sourire, a salué ses proches avant d'échanger quelques mots avec François Hollande. Discrets, Marc Féret, chèche noir autour de la tête, et le benjamin Pierre Legrand, chèche vert olive autour du cou, semblaient plus éprouvés.
> Une "immense joie" pour François Hollande
Entouré des quatre ex-otages, qui avaient, auparavant, passé quelques instants avec leurs proches à l'abri des caméras dans un salon d'honneur de l'aéroport, François Hollande a d'emblée fait part son "immense joie".

"Je veux saluer leur courage. Trois ans d'attente, de souffrance. Ils sont non seulement des hommes qui ont vécu ces moments mais ce sont aussi de grands citoyens français qui ont fait honneur à la France dans leur captivité", a déclaré le chef de l'Etat. "Je veux exprimer la gratitude de la France à l'égard du président du Niger. Nous avons obtenu par le Niger ces libérations", a déclaré François Hollande, avant de rappeler que sept otages français restent détenus dans le monde.
Les quatre ex-otages n'ont pas souhaité prendre la parole face aux médias, et ont ensuite pris la route du Val-de-Grâce, pour passer des examens médicaux. Ils en sont sortis en toute fin d'après-midi, peu après 18 heures.
> Les familles soulagées
S'exprimant quelques instants après le retour des ex-otages, les proches ont laissé éclater leur soulagement et leur joie. Françoise Larribe, l'épouse de Daniel Larribe, a notamment décrit "quelque chose d'inimaginable". "Daniel a eu l'espérance d'un retour, mes filles et moi-même, nous avions aussi cette espérance-là. [...] On a l'impression, très curieusement, qu'il reprend une conversation qu'on avait laissée il y a quelques jours", a-t-elle expliqué, après leurs retrouvailles dans un salon de l'aéroport de Villacoublay.
"Cela relève du miracle", a estimé la soeur de Marc Féret, très émue. "C'est sûr que l'on retrouve quelqu'un de changé, mais les épreuves ont très certainement joué", a-t-elle ajouté.
"Il a l'air en bonne forme", a estimé, pour sa part, le frère de Daniel Larribe, Claude. "J'ai le souvenir de la vidéo d'il y a deux ou trois mois où il n'était pas à son avantage, sale, pas rasé. Là je l'ai trouvé un petit peu mieux. Très amaigri mais bien. J'ai retrouvé un peu son sourire. Il a l'air en bonne forme mais il faut voir son état psychologique".
> Plus de 20 millions d'euros de rançon?
Alors que les quatre anciens otages se trouvaient encore dans l'avion qui les ramenait de Niamey, et que le gouvernement nie, depuis l'annonce de la libération, le versement d'une rançon aux ravisseurs, deux sources distinctes ont affirmé, dans la matinée, qu'une telle tractation entre la France et Aqmi, qui détenait les quatre Français, a bien eu lieu.
Ainsi, Le Monde a indiqué, que "selon une source française, une 'contrepartie' de 'plus d’une vingtaine de millions d’euros'" a été versée. "L’argent a été prélevé sur les fonds secrets alloués aux services de renseignement", affirme le journal. Une source proche des négociateurs nigériens a pour sa part affirmé que la somme était comprise entre 20 et 25 millions d'euros.
Des affirmations qui viennent contredire les propos tenus mardi par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "Il n'y a eu de paiement d'une rançon. On ne joue pas à cela", avait-il déclaré, peu après la libération des quatre Français.
> Démenti du gouvernement
L'entourage de François Hollande a réagi à ces informations en début d'après-midi, affirmant que "la France ne verse pas de rançon". "C'est ce qui est rappelé à chaque fois. C'est ce qui a été rappelé par Jean-Yves Le Drian, il a été très clair. Pas besoin de revenir sur le sujet", a ainsi indiqué l'Elysée.
Quelques instants plus tôt, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem avait également réagi, à la sortie du Conseil des ministres. "Nous n'avons pas changé de politique" de non-paiement de rançons, avait-t-elle ainsi déclaré, avant d'affirmer: "Notre politique est constante en la matière".