Egypte : Morsi renforce les pouvoirs de l'armée

L'armée a construit de murs faits de blocs de béton autour du palais présidentiel, après les événements de la semaine dernière. - -
Le président égyptien Mohamed Morsi a demandé à l'armée d'assurer la sécurité jusqu'à l'annonce du résultat du référendum prévu samedi sur un projet de Constitution au centre d'une grave crise politique et de violences meurtrières, dans un décret prenant effet lundi.
"Les forces armées appuient les services de police en complète coopération avec elles pour préserver la sécurité et protéger les installations vitales de l'Etat, pour une période temporaire jusqu'à l'annonce du résultat du référendum sur la Constitution", selon le texte de ce décret publié au Journal officiel.
Cette décision intervient à la veille de manifestations rivales des forces islamistes et de l'opposition libérale et de gauche, les unes pour appuyer ce référendum prévu samedi, les autres pour exiger son annulation.
Le droit d'arrêter des civils
Les forces armées seront en mesure, lors de prochaines manifestations, comme celles prévues le 10 décembre, d'arrêter des civils, une prérogative dont elles ne disposent plus naturellement depuis la fin de l'état d'urgence en mai 2012.
La crise, amorcée il y a plus de deux semaines, a déjà donné lieu à des heurts entre sympathisants et opposants au président Morsi. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des pro et anti Morsi s'étaient affrontés aux abords du palais présidentiel, faisant sept morts et des centaines de blessés.
Mohamed Morsi a annulé un décret par lequel il mettait ses pouvoirs à l'abri de tout recours en justice mais a maintenu le référendum sur le projet de Constitution contesté dont l'opposition exige l'annulation.
L'armée, un acteur pivot de la crise
Samedi 8 décembre, l'armée avait appelé au dialogue, avertissant que l'Egypte se dirige vers "un désastre" que l'institution militaire "ne saurait permettre".
L'armée a dirigé le pays après la chute du président Hosni Moubarak le 11 février 2011 et avait conservé le pouvoir législatif après l'accession au pouvoir en juin de M. Morsi, avant que ce dernier ne mette à la retraite son chef, le maréchal Hussein Tantaoui, en août.