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Algérie: "le système se désintègre", estime l'ancien Premier ministre Ali Benflis

Des Algériens manifestent contre une cinquième candidature d'Abdelaziz Bouteflika. (Photo d'illustration)

Des Algériens manifestent contre une cinquième candidature d'Abdelaziz Bouteflika. (Photo d'illustration) - Gérard Julien - AFP

Pour l'ancien chef de l'Etat, il n'y aura pas de répression policière tant la mobilisation des Algériens est importante.

"Le système Bouteflika est fracturé et se désintègre", estime Ali Benflis, principal adversaire du président algérien Abdelaziz Bouteflika lors des présidentielles de 2004 et 2014, dans un entretien au Journal du dimanche.

"Je dis que le système Bouteflika est fracturé et qu'il se désintègre. Rendez-vous compte que l'Organisation nationale des moudjahidines, nos anciens combattants, qui a toujours soutenu les institutions et le gouvernement, vient de lâcher le pouvoir", déclare Ali Benflis, qui a annoncé début mars qu'il ne se présenterait pas à la présidentielle du 18 avril car elle n'a plus "de raison d'être", étant donnée la contestation actuelle en Algérie.

"Il y a beaucoup de démissions au sein du FLN"

L'annonce de la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat a provoqué des manifestations et une contestation de son pouvoir, inédite depuis qu'il a été élu à la tête de l'Etat en 1999.

"Le front patronal, qui accapare 80 % des marchés publics, est également en train de se fissurer. Il y a aussi beaucoup de démissions au sein du FLN, parmi les députés et les élus locaux. Les syndicats autonomes sont clairement du côté des manifestants ainsi que les avocats et les journalistes qui, dans le service public, ont trop longtemps été humiliés", estime Ali Benflis.

Face aux centaines de milliers de personnes descendues dans les rues de plusieurs villes d'Algérie, Ali Benflis dit ne pas croire que l'armée recourra à la violence. 

"Il n'y aura pas de répression car il est impossible de contrecarrer cette marée humaine. Je n'imagine pas un instant l'Armée nationale populaire, héritière de notre glorieuse Armée de libération nationale, ne pas prendre en compte les aspirations du peuple", a ajouté Ali Benflis.

Deux fois second aux présidentielles de 2004 et 2014

L'opposant estime que la seule issue à la crise est un report de l'élection ajoutant que la conférence nationale proposée, "avec une fausse signature" d'Abdelaziz Bouteflika, est "bidon". "Je le répète, aucune sortie de crise ne peut avoir lieu sur les bases de l'ancien système", juge-t-il.

Ali Benflis demande en particulier qu'Abdelaziz Bouteflika, toujours hospitalisé en Suisse à la suite d'un AVC, renonce à un cinquième mandat, et que le gouvernement démissionne, tout comme le président du Conseil constitutionnel.

Ancien ministre de la Justice et chef du gouvernement de 2000 à 2003 et ex-secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Ali Benflis a obtenu 6,4% des voix aux présidentielles de 2004 et 12,3% à celle de 2014, finissant à chaque fois en deuxième position derrière le président sortant, réélu au 1er tour sans discontinuer depuis 2004 avec plus de 80% des voix.

Guillaume Dussourt avec AFP