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A Chicago, Barack Obama appelle à dépasser l'opposition entre communautés blanche et noire

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Barack Obama faisait ses adieux aux Etats-Unis ce mardi à Chicago, quelques jours avant de céder sa place à Donald Trump. Il a acté la fin du rêve d'une Amérique post-raciale qui avait ouvert son premier mandat et a appelé noirs et blancs à adopter le point de vue de l'autre communauté pour combler la fracture entre les populations.

Au moment de prononcer son dernier discours de chef d’Etat devant les Américains, dans son fief de Chicago ce mardi, Barack Obama a longuement évoqué la question raciale. Premier président noir, son élection en 2008 avait conduit certains observateurs à parler d’une Amérique "post-raciale". Mais Barack Obama affirme aujourd’hui que cette vision tenait de la fable: "Après mon élection, on a parlé d’une Amérique post-raciale. Cette vision, certes bien intentionnée, n’a jamais été réaliste. La race demeure une question puissante et divise souvent dans notre société."

Ces dernières années, de nombreux faits-divers ont impliqué les morts dans des circonstances parfois troublantes de personnes noires et le mouvement "Black Lives matter" a pris son essor. Barack Obama a voulu en tenir compte en appelant à de nouvelles lois pour lutter contre les discrimination "à l’embauche, le logement, l’éducation et au sein du système judiciaire".

Question raciale et question sociale vont de pair

Mais celui qui est encore le président des Etats-Unis pour quelques jours se défie avant tout de la fracture entre les communautés. Selon lui, c’est "un sens minimum de la solidarité" qui est la condition sine qua non de la démocratie. Il a d’ailleurs couplé la question raciale à la question sociale:

"Si tout problème économique est vu sous le prisme d’une lutte entre une classe moyenne blanche travailleuse et des minorités jugées indignes, alors les travailleurs de toutes les franges de la société n’auront plus qu’à se battre pour les restes tandis que les riches se retrancheront davantage à l’intérieur de leurs enclaves privées."

Pour mieux dépasser l’opposition des minorités et des populations d’origine anglo-saxonnes, Barack Obama s’est placé sous le haut patronage d’Atticus Finch, le héros du roman (adapté au cinéma) Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, dont il a cité la phrase suivante: "Vous ne comprenez jamais un individu avant de considérer les choses de son point de vue… avant de vous glisser dans sa peau et de parcourir le monde dans celle-ci."

Adopter le regard de l'autre

En conséquence, il a demandé aux uns et aux autres de voir le monde avec le regard d’autrui. Il a ainsi demandé aux "noirs et aux autres minorités" de ne pas séparer leurs revendications politiques des défis auxquels fait notamment face "l’homme blanc dans la force de l’âge qui peut sembler avoir tout pour lui vu de l’extérieur mais qui a vu son monde bouleversé par le changement technologique, culturel et économique."

En contrepartie, il a eu ses mots à l’attention de l’électorat blanc:

"En ce qui concerne les Américains blancs, ça implique de reconnaître que les effets de l’esclavage et des lois Jim Crow ne se sont pas subitement évaporés dans les années 60; que quand les groupes issus des minorités expriment leur mécontentement, ils ne prônent pas un racisme inversé ou le politiquement correct; que quand ils lancent des manifestations pacifiques, ils ne réclament pas un traitement de faveur, mais l’égalité que les pères fondateurs ont promise."

Un appel à la concorde qui a résonné comme un testament politique entre les murs du McCormick Place de Chicago où Barack Obama disait au revoir à la politique américaine.

R.V.