72 ans après leur coup de foudre à Auschwitz, deux amants se retrouvent

L'idylle des deux amoureux a commencé en 1943, au crématoire d'Auschwitz. - AFP
Ils se sont croisés pour la première fois à proximité d’un des fours crématoires du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. David Wisnia et Helen Spitzer étaient respectivement âgés de 17 et 25 ans en 1943 et c'est dans l'un des lieux les plus sombres de l'histoire qu'ils sont tombés amoureux, raconte le New York Times.
Un statut particulier dans le camp
À l'époque, lui est un jeune juif polonais originaire de Varsovie. Elle est originaire de Bratislava en Slovaquie. Très vite, David Wisnia s'aperçoit qu'Helen n'est pas une prisonnière comme les autres. Surnommée "Zippi", elle est la seule femme dans une partie du camp réservée aux hommes.
Graphiste, parlant l’allemand, elle passe quelques mois difficiles avant d’être transférée au "bureau administratif" où elle a notamment pour mission de tenir le compte de la main-d’œuvre disponible pour les nazis. Statut qui lui permet de se déplacer librement dans certaines parties du camp.
Des rendez-vous une fois par mois
Propre et bien habillée, David la remarque, mais c'est elle qui demande à l'un de ses codétenus de lui présenter le jeune Polonais.
"Je ne savais rien de la vie… Elle m’a tout appris. Elle m’avait choisi", a raconté David Wisnia au New York Times.
Après cette première approche, ils se revoient clandestinement, une fois par mois, entre les crématoires IV et V. En 1944, après deux ans dans le camp, la fin de la guerre approchant, ils se font la promesse de se retrouver à la sortie à Varsovie.
"Je vous ai sauvé cinq fois"
Mais c'est finalement 72 années plus tard qu'ils se reverront pour la première fois. En 2016, les deux amants sont tous deux installés au Etats-Unis. Après un premier rendez-vous manqué, c'est finalement grâce à l'entremise du fils de David qu'une rencontre est organisée à New-York. Zippi est alors très malade. Allongée dans un lit d'hôpital, elle est devenue aveugle et sourde. Veuve depuis 1996, elle ne reconnaît pas tout de suite son ancien amant.
Mais la mémoire lui reviendra d'un coup.
"Ses yeux se sont écarquillés, presque comme si la vue lui était revenue, raconte, ému, le petit-fils de David au journal new-yorkais. Cela nous a tous surpris."
S'en suivent deux heures de discussion. Obsédé depuis de nombreuses années par deux questions auxquelles seules Zippi pourrait répondre, David lui demande alors : comment a-t-il pu survivre à Auschwitz? Y est-elle pour quelque chose?
"Je vous ai sauvé cinq fois d'une mauvaise expédition", lui a-t-elle lâché, la main levée pour montrer cinq doigts. Et cette dernière d'ajouter: "Je vous attendais."
Helen lui avoue aussi s'être rendue à Varsovie, avoir suivi le plan et tenu sa promesse. Ils se sont murmurés qu'ils s'étaient aimés. Avant qu'il ne parte, elle lui a demandé de chanter pour elle. Il lui a pris la main et a chanté la chanson hongroise qu’elle lui avait apprise.
"Zippi" est décédée en janvier 2018. David, vit aujourd'hui à Levittown, en Pennsylvanie et a publié ses mémoires dans un livre paru en 2015.