"Guerre des gangs" à Grenoble: un témoin des fusillades raconte des "tirs en rafale"

"Une guerre des gangs". C'est ce qu'a dénoncé le procureur de la République de Grenoble, Éric Vaillant, ce jeudi 15 août après qu'un homme de 20 ans ait été blessé à la main et à la cuisse par des tirs la nuit précédente dans le quartier Saint Bruno. Un quartier connu pour être l’un des principaux points de deal de la ville.
Un de ses habitants, Christian, raconte au micro de BFMTV, cette fusillade, la cinquième en deux semaines dans la capitale iséroise. "J'ai entendu à 1h58 une première détonation, une deuxième un petit peu plus espacée, puis une troisième, une quatrième, puis après plus rapprochées jusqu'à une finale en rafale", raconte-t-il.
"Les points de deal grenoblois attisent la convoitise"
Les jours du jeune de 20 ans ne sont pas en danger, a précisé le procureur de la République. Selon la presse locale, la victime a quitté les lieux avant l'arrivée de la police et s'est rendue d'elle-même à la clinique Mutualiste des Eaux Claires à Grenoble.
Le jeune homme est connu des services de police mais non pour trafic de stupéfiants. Il "ne veut pas déposer plainte", rapporte France 3 citant le procureur.
"Depuis plusieurs mois, nous assistons à une guerre des gangs à Grenoble. Les points de deal grenoblois sont rémunérateurs et attisent la convoitise", affirme Éric Vaillant.
Les fusillades s'enchaînent en effet ces derniers jours dans cette ville de l'Isère. Lundi 12 août, quatre hommes ont été blessés, dont trois très grièvement, par une rafale de tirs sur un point de deal à Échirolles, dans la banlieue grenobloise.
Le 7 août, deux jeunes hommes originaires de la région parisienne ont également été blessés par balles dans un parking souterrain de la ville. Trois jours plus tôt, le 4 août, un homme de 47 ans a été tué et deux autres blessés par un homme circulant à trottinette électrique dans un quartier sensible de Grenoble.
France Bleu évoque six fusillades depuis le début de l'été quand Le Dauphiné libéré fait état d'une quinzaine depuis le début de l'année.
"Même si, dans un passé proche ou plus lointain, l'agglomération grenobloise a connu de nombreux épisodes de violence entre gangs, celui que nous vivons depuis le début de l’été est particulièrement dense", déclarait le procureur de la République de Grenoble, le 13 août, avant même la dernière fusillade, selon Le Dauphiné libéré.
"Notre crainte est évidemment celle de la balle perdue qui touche un innocent, qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment", a-t-il ajouté au micro de BFMTV ce jeudi.
"Ca fait des annés que l'on dénonce!"
Mais la situation ne date pas d'hier selon les syndicats de police locaux. "Ça fait des années que l'on dénonce! Le trafic de stupéfiant est bien souvent au milieu de toutes ces afffaires...", déplore Yannick Biancheri, secrétaire départemental Alliance Police nationale de l'Isère.
"C'est compliqué pour Grenoble, notamment du fait qu'on est en manque criant d'effectifs", souligne-t-il à BFMTV .
Aucun tireur n'a pour l'heure été interpellé mais trois hommes ont été placés en détention, deux parisiens soupçonnés d'être venus vendre des armes et des munitions à Grenoble et un autre homme porteur d'un pistolet "à proximité du Carrare (une résidence devenue un important point de deal, NDLR)", précise France 3.
Le procureur de la République l'affirmait au Dauphiné Libéré le 13 août: "il s’agit d’une lutte permanente et tous azimuts (...) Je le répète, nous continuerons sans relâche".