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Climat

Ecologie : le trou dans la couche d'ozone se referme

La calotte glaciaire du Groenland en mars 2016

La calotte glaciaire du Groenland en mars 2016 - Nasa - AFP

Le trou de la couche d'ozone diminue, et même plus vite que prévu, annonce une étude scientifique américaine publiée dans la revue Science. Pourtant, le problème n'est pas encore réglé. Explications avec un spécialiste.

C'est une bonne nouvelle pour la planète. Le trou de la couche d'ozone se résorbe. Des chercheurs, dont les travaux ont été publiés jeudi dans la célèbre revue américaine Science, ont calculé qu'il a diminué de plus de quatre millions de km2 - soit à peu près la superficie de l'Union européenne - depuis 2000, quand le phénomène était à son plus haut niveau. Leur étude se base sur des mesures prises depuis une quinzaine d’années.

Une surprise. "Je ne pensais pas que ce serait aussi tôt", a reconnu Susan Solomon, professeur de chimie et de science du climat au Massachusetts Institute of Technology - institut de recherche universitaire américain particulièrement renommé - à l'origine de ces travaux.

"Globalement le trou d'ozone paraît être sur la voie de la guérison", concluent les scientifiques. Selon leurs estimations, une guérison complète pourrait être attendue d'ici à 2050.

L'activité humaine responsable

Au milieu des années 1980, les scientifiques ont constaté que la quantité totale d'ozone diminuait fortement au-dessus de l'Antarctique. Le trou de la couche d'ozone, ce bouclier gazeux protégeant la Terre du rayonnement solaire ultraviolet (UV), a été découvert en analysant des relevés à partir de station au sol qui remontaient aux années 1950.

"Ce n'est pas à proprement parler un trou, indique pour BFMTV.com Slimane Bekki, directeur de recherche au CNRS. L'ozone est toujours présent mais sa couche y est très fine."

A la fin de l'hiver austral et au début du printemps, c'est-à-dire de fin août à octobre, la couche d'ozone est détruite de moitié sur une altitude de 15 à 25 km. Et c'est bien l'activité humaine qui est responsable. En cause: des produits chimiques, dont les chlorofluorocarbures (CFC). Depuis la fin des années 1990, la concentration d’ozone a baissé de 15% sur une surface totale de 20 millions de kilomètres carré, soit plus que l'océan arctique.

"Les CFC ont une longue durée de vie, entre cinquante et cent ans, précise Slimane Bekki. A 30 km d'altitude, ces molécules se décomposent sous l'effet du rayonnement UV. Elles relâchent alors du chlore et du brome, qui détruisent la couche d'ozone."

Le Protocole de Montréal signé en 1987

Pour limiter le phénomène, le Protocole de Montréal était signé en 1987. Ce traité international prévoyait l'interdiction progressive de ces gaz. Leur concentration atmosphérique a baissé de 10 à 15% par rapport au pic de la fin des années 1990, selon le dernier rapport de l'Organisation météorologique mondiale et du Programme des Nations unies pour l'environnement publié en 2015.

"Les CFC sont des composés artificiels qui ont été synthétisés au milieu du siècle dernier, pointe Slimane Bekki, également coauteur de ce rapport. Ils se sont développés rapidement, trouvant des applications industrielles dans les aérosols, les extincteurs, les systèmes de réfrigération ou de climatisation. A l'époque, on ne savait pas que des molécules émises en surface pouvaient être transportées en altitude."

Un phénomène lié au changement climatique

Pourtant, la bataille n'est pas encore gagnée et le phénomène pourrait même se développer dans d'autres régions du globe.

"On observe une diminution de la couche d'ozone un peu partout, remarque Slimane Bekki. C'est surtout au niveau des tropiques, où la couche d'ozone est déjà particulièrement faible, que le phénomène , selon les projections, semble s'accélérer."

Mais dans ce cas-ci, le responsable serait le changement climatique, qui pourrait aggraver le phénomène sous l'action des gaz à effet de serre.

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya Journaliste BFMTV