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Climat

Des traces d'iode radioactif détectées dans l'air, en Europe et en France

Mesure de la radioactivité avec un compteur geiger. (Illustration)

Mesure de la radioactivité avec un compteur geiger. (Illustration) - MARCO BERTORELLO / AFP

Si les niveaux détectés sont sans risque pour la santé, la source de diffusion de l'isotope reste inconnue pour l'heure. Ce qui suscite certaines inquiétudes.

Des traces d'iode radioactif ont été détectées, dans le courant du mois de janvier, un peu partout en Europe, révélait le 13 février l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Plus précisément, il s'agit de l'isotope 131 qui est forcément d'origine artificielle. Il est par exemple rejeté en cas d'accident nucléaire, mais s'échappe aussi de manière résiduelle, lors de la fabrication de certains produits médicaux. Ici, les traces sont selon l'IRSN "sans aucune conséquence sanitaire".

"L’iode 131 est un radionucléide dont la période radioactive est courte (8,04 jours). La détection de ce radionucléide à vie courte atteste d’un rejet relativement récent", poursuit l'institut.

Cela indique, premièrement, que la source de pollution est récente. La détection à ces taux très faibles a été rendue possible grâce à des conditions météorologiques particulières, détaille Olivier Masson, spécialiste de la surveillance atmosphérique à l'IRSN contacté par France Info. Ainsi l'épisode de pollution aux particules fines a permis de détecter, par hasard, les radionucléides. "Sans cela, elles seraient passées inaperçues car on est très proche des limites de détection des appareils", explique le scientifique.

La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) s'inquiète cependant du fait "que le faible nombre de points de mesure ne permet pas d’exclure l’existence de rejets anormalement élevés d’une ou plusieurs installations". "Si tel était le cas, il faudrait impérativement en identifier l’origine, car les riverains pourraient être exposés à des doses non négligeables", s'alerte-t-elle encore.

Une pollution venue de l'est

La météo, "un régime de vents d'est", donne un indice sur la provenance de ces particules. Le premier signalement avait été fait au nord de la Norvège par un réseau d'experts nommé Ring of Five (Ro5), lors de la deuxième semaine de janvier. Les particules d'iode 131 se sont ensuite propagées dans d'autres pays: Finlande, Pologne, République tchèque, Allemagne, France et Italie. Des stations équipées de filtres à air ont permis de réaliser ces mesures, puisque les particules s'y accrochent.

>> Niveaux en Iode 131 (chiffre après +/- est la valeur d'incertitude) sous forme aérosol dans l’air (µBq/m3) :

Le chiffre derrière +/- correspond au niveau d'incertitude de la mesure.
Le chiffre derrière +/- correspond au niveau d'incertitude de la mesure. © IRSN

Un rejet industriel?

"Des mesures effectuées dans l’est de l’Europe montrent que l’on a pas trouvé trace d’autres produits de fission, comme du césium radioactif, qui auraient été présents eux aussi dans l’air dans le cas d’un rejet accidentel provenant d’un réacteur nucléaire", déclare au Monde, Jérôme Joly, directeur adjoint de l'IRSN. L'hypothèse la plus grave est donc a priori écartée.

Peut-être, comme en octobre-novembre 2011 lorsqu'un incident similaire était advenu, l'enquête permettra d'identifier un site industriel. Il s'était alors agit d'un site de production de radionucléides de Budapest, en Hongrie.

David Namias