Des dizaines de milliers de poissons morts retrouvés dans le golfe de Gascogne

L'ONG de protection des océans Sea Shepherd a posté jeudi des photos d'un important ban de poissons morts dans le golfe de Gascogne, au large de La Rochelle (Charente-Maritime). Selon l'organisation, il s'agit de "plus de 100.000" merlans bleus qui "ont été rejetés à la mer" par des navires de pêche.
L'ONG soupçonne quatre navires usines présents dans le golfe - dont le deuxième plus grand chalutier du monde, le Margiris - d'être à l'origine de ce rejet, et parle d'un "pillage en règle".
Le merlan bleu ne fait pas partie des espèces en danger, selon la liste établie par l'Union internationale pour la conservation de la nature. Sea Shepherd écrit que ce poisson est "habituellement destiné à fabriquer des surimis".
Un rejet de poissons capturés?
Ce n'est donc pas la pêche en elle-même des merlans bleus qui est pointée du doigt, car elle est autorisée, mais le rejet de ces poissons morts dans la mer après les avoir pêchés.
Le rejet de poisson est une pratique "consistant à rejeter en mer les captures non désirées de poissons" durant une pêche, explique le ministère de l'Agriculture. Ce parce que les poissons "ne correspondent pas à la taille minimale de conservation de référence", parce qu'il s'agit d'une espèce pour laquelle "le pêcheur ne dispose pas de quotas", ou "du fait de règles particulières relatives à la composition des captures".
"La règle depuis 2015 pour les pêcheries pélagiques est l’interdiction des rejets. Seule une exemption pour 5% est autorisée, pour les cas où des individus d’une autre espèce se glissent dans le banc de l’espèce ciblée", explique sur Twitter le député européen LaREM Pierre Karleskind, président de la Commission PECH. Selon lui, "on n’est pas dans ce cas, visiblement, ici. Ceci est la conséquence d’une action qui n’est vraisemblablement pas conforme à la politique commune des pêches européenne".
La Politique européenne Commune de la Pêche (PCP) prévoit également "l’entrée en vigueur progressive de l’obligation de débarquement de toutes les captures" dans les ports, afin d'éviter le rejet en mer, et "de rendre les captures plus sélectives", écrit le ministère de l'Agriculture.
"Plus de 100.000 poissons rejetés morts par-dessus bord cela n’a rien de sélectif", lance sur BFMTV la présidente de Sea Shepherd France Lamya Essemlali.
Ramener les mauvaises pêches jusqu'au port "ça encombre [les navires] et si ces poissons ne sont pas ciblés par le navire, alors ils les rejettent" avait-elle expliqué plus tôt à France 3. Lamya Essemlali déclare également que l'ONG a contacté les capitaines des quatre bateaux soupçonnés d'avoir rejeté ces poissons, mais "ils ont tous nié, tous les quatre. Mais nous on est sûr que c'est l'une des quatre".
Des enquêtes en cours
La ministre de la Mer Annick Girardin a réagi dans la soirée aux images publiées sur les réseaux sociaux, déclarant avoir "demandé au Centre national de surveillance des pêches de faire la lumière sur ce sujet afin d’identifier les causes de ces rejets importants de poissons".
"J'ai demandé une enquête administrative", a déclaré ce vendredi devant la presse la ministre à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), où elle rencontrait des professionnels de la filière pêche.
Le commissaire européen de la Pêche, le lituanien Virginijus Sinkevičius a lui parlé d'un "incident malheureux dans le golfe de Gascogne". Il déclare avoir lancé "une enquête auprès des autorités nationales de la zone de pêche et de l'État présumé du pavillon du navire, afin d'obtenir des informations et des preuves exhaustives sur l'affaire".
