Comment financer la transition énergétique?

Mesurer la "performance énergétique " des investisseurs: une piste à suivre dans la réflexion sur la transition - -
Alors que Delphine Batho accuse, jeudi, le Premier ministre de l'avoir limogé notamment parce "qu'il n'acceptait pas le niveau d'ambition que je fixais pour la transition énergétique", certains s'en préoccupent concrètement. Le think-tank, 2° Investing Initiative vient de dévoiler une étude sur la mesure de la contribution des intermédiaires financiers à cette transition. Et un état des lieux des méthodes d'évaluation des "émissions carbones financées".
Le constat est simple: la transition énergétique nécessitera 500 milliards de dollars supplémentaires chaque année dans la décennie à venir. Dans le même temps, si on veut contenir les effets du réchauffement climatique, il faut limiter l'utilisation des réserves de combustibles fossiles.
Une standardisation des méthodes de calcul ?
Dans ce contexte, banques, assureurs, fonds d'investissement sont en première ligne. 2° Investing Initiative constate qu'il y a eu sur-investissement dans les énergies fossiles sans vision à long terme. Les outils n'étaient pas nécessairement là il y a quelques années. Au premier temps de l'ISR, l'investissement socialement responsable, ce sont les choix des managers qui ont été regardés de près.
Puis les données se sont affinées sur les émissions de CO2 jusqu'à la mise en place de méthodes de calcul. Elles sont une vingtaine désormais dans le monde. Il est impossible de toutes les passer en revue mais les différences sont parfois marquantes. Pourquoi ne pas engager des travaux de standardisation en France et au niveau international. Il ressort de cette étude, menée en partenariat avec l'ADEME, la Caisse des Dépôts, l'Agence Française de développement, UNEP-Finance Initiative et l'Association Bilan Carbone que les banques prennent désormais conscience de ces enjeux climatiques.
Un appel à la mobilisation des Etats
Le rôle de ceux qui nous gouvernent sera également crucial. Stanislas Dupré directeur de 2° Investing Initiative affirme ainsi que les investisseurs institutionnels ne réalloueront pas leurs capitaux sans incitations directes de la part des pouvoirs publics.
Pour cela "il faudra mesurer la "performance énergétique" des investisseurs", publier les résultats et moduler les incitations notamment fiscales en conséquence". Les paradigmes sont donc en train de changer. C'est ainsi que BPI France, lancée officiellement le 12 juillet devra rendre compte annuellement de la contribution des entreprises financées dans le cadre de la transition énergétique.
Les citoyens ont aussi leur rôle à jouer. Chacun peut s'informer lorsqu'il se rend à sa banque, en demander plus autour de l'investissement socialement responsable ou même se renseigner sur les investissements menés. Ce sont encore des pistes que nous livre le think-tank. N'oublions pas que pendant ce temps-là, la planète continue de se réchauffer.