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"Tous les points présentent des contaminations": des pesticides et médicaments retrouvés sur tout le littoral français

La côte bretonne, dans le Finistère, en France, le 26 août 2025.

La côte bretonne, dans le Finistère, en France, le 26 août 2025. - Jérôme Gilles / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Entre 2021 et 2024, les scientifiques de l’Ifremer (Finistère) et du laboratoire EPOC, rattaché entre autres au CNRS, ont analysé l’eau des traits de côte du littoral français et plusieurs variétés de mollusques. Leur découverte fait état de pollution aux pesticides et aux médicaments.

Des substances pharmaceutiques et des pesticides ont été retrouvés dans des mollusques et de l'eau de mer sur toutes les côtes de l'Hexagone, même dans des endroits éloignés des sources de pollution, selon une étude publiée ce mercredi 15 octobre par l'Ifremer, dont le siège est basé à Brest (Finistère).

Dans le cadre du projet Emergent'Sea, les scientifiques ont analysé plus de 11.300 résultats issus de prélèvements, réalisés entre 2021 et 2023, de la Baie de Somme à la Corse, dans des mollusques (huîtres, moules) ou dans l'eau de mer.

Les trois quarts (77%) des substances recherchées ont pu être mesurées au moins une fois dans l'eau de mer. Dans les mollusques, 65% des substances recherchées ont été quantifiées au moins une fois, selon le rapport dévoilé ce mercredi par le journal Le Monde.

En moyenne, 15 substances ont été mesurées par point de suivi dans l'eau de mer, et jusqu'à 28 substances pour certaines zones du littoral. Dix substances en moyenne ont été retrouvées dans les mollusques.

"Tous les points échantillonnés présentent des contaminations", a souligné à l'AFP Isabelle Amouroux, responsable de l'unité Contamination Chimique des Ecosystèmes Marins (CCEM) à l'Ifremer.

"C'est la première fois qu'une campagne d'une telle ampleur est réalisée au niveau du littoral : ça nous donne une vision générale de la contamination sur l'ensemble du littoral, pour plus d'une centaine de substances", a-t-elle ajouté.

Des seuils d'effets pour "interpréter ces données"

Les scientifiques ont retrouvé des traces de contamination jusque sur la petite île de Ouessant (Finistère), au large de la pointe bretonne, pourtant éloignée des estuaires déversant les polluants issus du continent. Jusqu'à deux substances pharmaceutiques et quinze pesticides ont été mesurés sur le littoral de cette île.

Dans l'eau de mer, les substances les plus souvent retrouvées sont des herbicides et des substances pharmaceutiques, comme le paracétamol, des métabolites du métolachlore (un désherbant) ou l'atrazine, un herbicide redoutable pour la santé, interdit depuis une vingtaine d'années en Europe.

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Dans les mollusques, la contamination est surtout issue d'herbicides et de produits antifouling (peinture antisouillure pour les coques de bateaux).

Il reste désormais à définir des seuils d'effets pour "pouvoir interpréter ces données" et évaluer "s'il existe un risque pour les écosystèmes marins", a précisé Isabelle Amouroux, en soulignant qu'il existe également "des effets cocktails difficiles à appréhender".

Financé par l'Office français de la biodiversité (OFB), le projet Emergent'Sea a été mené par des scientifiques de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) avec l'Unité mixte de recherche EPOC (Université de Bordeaux, CNRS).

L.P. avec AFP