Rapport alarmiste du GIEC sur le climat: et après?

La fonte des glaces est un élément visible du réchauffement climatique. - -
Chaque nouvelle publication du GIEC, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, renforce un peu plus la conviction que l'homme est le principal responsable du réchauffement climatique. 95 % de certitude selon la terminologie très précise du rapport d'une trentaine de pages. Elle était de 90% en 2007.
Oubliées les critiques de 2010 après les erreurs du précédent rapport. Il évoquait notamment la disparition probable des glaciers de l'Himalaya d'ici 2035. Les climato-sceptiques étaient alors montés au créneau.
Le GIEC a depuis fait peau neuve et inversé la tendance entre économistes et climatologues. Ce sont désormais les scientifiques qui réalisent des simulations en fonction de divers niveaux de stabilisation de la teneur en gaz à effet de serre et du climat. A partir de là, les économistes devront élaborer les scénarios et étudier les contraintes qui permettent d’éviter tel ou tel niveau de perturbation.
Les États-Unis veulent "coopérer"
Le dernier rapport du GIEC était visiblement très attendu par le monde politique. Le président François Hollande en parlait il y a une semaine en ouverture de la deuxième conférence environnementale. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, salue aujourd'hui une "évaluation régulière et impartiale" du changement climatique. Selon le degré d'optimisme, la température moyenne de la Terre devrait encore grimper de 0,3 à 4,8 °C d'ici à 2100.
Le Giec revoit aussi à la hausse l'augmentation du niveau de la mer, qui devrait être de 26 à 82 cm d'ici à 2100. Un signal d'alarme très fort mais qui n'est pas accompagné de préconisations. Le Giec, créé il y a 25 ans sous l'égide de l'ONU, lauréat du prix Nobel de la paix 2007, a pour mission d'établir l'état des lieux du réchauffement afin d'éclairer les responsables politiques et économiques.
La balle est désormais dans leur camp. Les réactions n'ont d'ailleurs pas tardé. Le secrétaire d’État américain John Kerry appelle la communauté internationale "à une action forte et à une plus grande coopération". "S'il y a un dossier qui réclame plus de coopération et d'engagement diplomatique, c'est bien celui-là", assure le secrétaire d’État américain. Il ajoute: "Seule une action des humains peut sauver le monde des pires impacts" qu'ils ont sur la planète. Le 20 septembre dernier et pour la première fois les États-Unis ont annoncé des limites aux émissions de CO2 des futures centrales au gaz et au charbon pour lutter contre le changement climatique.
Marge de manœuvre étroite
En France, c'est dans un communiqué commun que Laurent Fabius , ministre des Affaires étrangères, Pascal Canfin, ministre du Développement, et Philippe Martin, à l'Écologie, rappellent l'engagement de la France "pour construire un pacte mondial sur le climat en 2015".
Objectif: "Limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de contenir l'évolution des températures en deçà de 2°C à l'horizon 2100". Le discours est clair mais les professionnels attendent un vrai coup de pouce et moins de lourdeurs administratives. Le projet de loi sur la transition prévue cet automne ne prendra pas forme avant 2014.
Les ONG n'attendent pas. Greenpeace, Oxfam, WWF et Les Amis de la Terre estiment que "la vérité qui dérange est confirmée". Et le collectif d'ajouter: "Nous savons déjà que le secteur de l'énergie est le principal coupable, mais aussi la principale solution, au changement climatique". Selon elles "les énergies renouvelables constituent une solution simple, avérée et économiquement abordable".
"On répète toujours la même chose... C'est la force de notre communauté, mais c'est aussi parfois pourquoi on lasse", disait encore il y a peu le glaciologue Jean Jouzel, membre du bureau du Giec. Seule certitude, la marge de manœuvre est très réduite. Le scénario le plus optimiste permettrait de contenir la hausse des températures à 2°. Mais même celui-là "ne viendra que si une action rapide est lancée," prévient le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud.