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"Pourquoi a-t-on tant attendu?": Hulot appelle à agir avec "radicalité" face au changement climatique

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L'ancien ministre d'État d'Emmanuel Macron appelle les dirigeants, mais aussi les citoyens français, à prendre conscience de la catastrophe climatique.

"Je ne crois plus en grand-chose, mais l’espoir sera chez moi le dernier à mourir." Invité ce lundi soir sur BFMTV après la diffusion de notre document "Climat, l'apocalypse", Nicolas Hulot a une nouvelle fois dénoncé l'inaction des décideurs face au réchauffement et ses conséquences, illustrées ces dernières semaines par de multiples événements extrêmes, et appelé à agir au plus vite.

Inondations spectaculaires en Belgique, en Allemagne ou en Chine, dôme de chaleur inédit au Canada, dôme de chaleur inédit au Canada et aux États-Unis, incendies hors-normes dans le pourtour méditerranéen, méga-feux en Californie ou en Sibérie... L'été a vu se succéder les catastrophes climatiques.

"Comme cela avait été parfaitement et prudemment modélisé, les phénomènes s’accélèrent, s’emballent, se combinent", commente Nicolas Hulot.

"Inquiétude", "rage" et "colère"

Le président de la fondation qui porte son nom a d'abord fait part de son "inquiétude". "De l’inquiétude qu’à un moment ou un autre, l’humanité, quelle que soit sa puissance, son intelligence, perde la main. Je vois déjà le lot de souffrances que cela occasionne et j’entends bien ce que disent les scientifiques, c’est un échantillon", complète-t-il.

La planète va en effet subir une augmentation "sans précédent" des événements météo extrêmes comme les canicules ou les pluies diluviennes, même si le monde parvient à limiter le réchauffement à +1,5°C, ont ainsi récemment prévenu les experts du Giec.

Chez Nicolas Hulot, cette inquiétude laisse place à "une forme de rage", provoquée par l'incapacité de l'humanité à réagir face à la situation actuelle.

"On est dans cette situation paradoxale où l'homme n’a jamais été si intelligent, mais si vulnérable", estime-t-il. "Il est victime de sa réussite, qui est responsable de son déclin. C’est le paradoxe de notre époque, si notre intelligence, nos moyens, notre économie, on les mettait du côté de la solution et non pas du côté du problème, on ne serait pas dans cette situation."

Dernière étape, la rage laisse finalement place à "une colère, pas vindicative".

"Pourquoi a-t-on tant attendu? On a assisté en spectateurs surinformés à la gestation de la plus grande tragédie de l’histoire de l’humanité. Il reste de l’espoir car il reste des moyens de faire face, mais tout de suite avec une grande radicalité dans les moyens", espère encore Nicolas Hulot.

"On peut encore contenir, on ne peut pas revenir en arrière"

Interrogé sur les solutions à mettre en place afin d'inverser la tendance actuelle, Nicolas Hulot a toutefois fait part de son pessimisme.

"Pour le 1,5 degré de plus, la bataille est probablement perdue", juge l'ancien ministre de la Transition écologique. "Il faudrait stopper net toute activité demain matin, ce qui n’est pas possible. Il faut agir en grand sur l’ampleur des conséquences. Il n'est pas trop tard pour ça, mais trop tard pour agir petitement."

Si rien n'est fait rapidement, Nicolas Hulot souligne que la planète sera frappée par de nombreux fléaux tels qu'une "multiplication des exodes, des réfugiés climatiques". "Chaque année, il y a plus de réfugiés liés aux climats qu'aux conflits, le développement de pathologies, une montée des eaux, un accès à l’eau potable de plus en plus difficile, avec les compétitions que l'on peut imaginer", détaille-t-il.

"On peut encore contenir, on ne peut pas revenir en arrière, tout va monter, les espèces vont se déplacer, certaines maladies vont apparaître. On peut agir sur l’ampleur, c’est autre chose un centimètre qu'un mètre. C’est pas la même chose 35 ou 40 et 45 degrés."

"Que de temps perdu..."

Ainsi, pour Nicolas Hulot, il convient d'agir rapidement en suivant les différentes prérogatives listées dans le dernier rapport du Giec. "Il faut faire rapidement, augmenter nos objectifs, pas seulement sur un bout de papier, des objectifs contraignants et il faut que chacun partage la tâche", appelle Nicolas Hulot.

"Il ne faudra peut-être plus prendre l’avion de la même manière, on mangera peut-être moins de viande, moins de marchandises qui ont fait deux fois le tour du monde."

"Il faut qu’on soit une société de sobriété", exhorte Nicolas Hulot. "On ne va pas vivre moins bien mais différemment. (...) Sommes-nous moins heureux si on ne mange pas de cerises en hiver? Si notre frigo ne vient pas de Corée mais d’Allemagne?"

Mais les citoyens seront-ils prêts à de tels compromis pour endiguer le réchauffement? Là encore, Nicolas Hulot semble douter de la réalité d'une telle prise de conscience à court et moyen terme.

"Il y a une combinaison de raisons. Pour une majorité d’hommes le court terme prime, quand on est à 20 euros près, quand on sait pas ce que vont devenir les enfants. Pour les élites, il y a une forme d’ambiguïté, ils le savent mais n’y croient pas, pour eux il y a toujours quelque chose qui va nous sauver. Mais avec le Covid, ils voient que ça se multiplie et que ça devient sérieux. Mais que de temps perdu...", se désole-t-il.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV