L'Affaire du siècle: ces Français sinistrés attaquent l'État pour renforcer l'adaptation climatique

Des militants du collectif « L'affaire du Siecle » à Paris, le 14 janvier 2021. Photo d'illustration - Thomas SAMSON / AFP
L'État en fait-il assez face au dérèglement climatique? Alors que les intempéries se multiplient déjà sous l'effet d'un climat réchauffé et désordonné, la France est pointée du doigt par ses propres citoyens, qui l'accusent de ne pas être à la hauteur de l'enjeu.
Des victimes des conséquences déjà douloureuses du réchauffement climatique ont décidé de se joindre au recours en justice contre l'État que s'apprêtent à lancer plusieurs particuliers, ainsi que plusieurs associations. Au total, 14 parties, dont trois ONG de "l'Affaire du siècle": Greenpeace France, Oxfam France et "Notre affaire à tous".
Parmi les plaignants, comme le racontent Les Échos, on retrouve par exemple l'agriculteur Jérôme Sergent, qui a subi huit inondations entre novembre 2023 et mars 2024, regrettant de lourdes pertes materielles pour son exploitation. Ou encore Jean-Raoul Plaussu Monteil, un Isérois qui raconte avoir vu son risque de subir des crises d'épilépsie gonflé par les canicules de plus en plus nombreuses dans sa commune.
"Ce n'est pas normal qu'à Mayotte 300.000 personnes soient assoiffées. Ne pas avoir d'eau cela signifie renoncer à se brosser les dents, parfois cela signifie ne pas faire son café, cela signifie ne pas se laver, ne pas laver ses enfants, ses vêtements", témoigne chez Brut Racha Mousdikoudine, plaignante et représentante de Mayotte a soif.
Un Plan climat inadapté aux réalités du changement climatique?
Dans un communiqué, Green Peace explique que le Plan national d'adaptation au changement climatique, présenté par le gouvernement en mars 2025, est "largement insuffisant". Jugeant qu'il fait défaut de "mesures concrètes", celui-ci "ne garantit pas la protection de toute la population face aux impacts inévitables et croissants du dérèglement climatique".
"Lors de nos premières actions, on se disait que le réchauffement climatique allait arriver, aujourd'hui il est là. Or l'État a des obligations qu'il ne respecte pas", dénonce de son côté Jérémie Suissa, délégué général de "Notre affaire à tous".
En quoi consiste cette procédure en justice? D'abord, les avocats des parties concernées vont adresser un courrier de "demande préalable" au gouvernement, lui demandant d'amender ou de reconstruire le Plan. En l'absence de réponse suffisante, une requête sera déposée courant juin devant le Conseil d'État".
Ce plan consiste essentiellement à prendre des mesures sur une période allant jusqu'à 2028. L'objectif est de créer un réflexe adaptation dans tous les pans de la société et donc de nous préparer à vivre, travailler, nous déplacer dans une France à +4°C.
Cette nouvelle procédure en justice rappelle celle déjà intentée par L'Affaire du siècle. Ce collectif a réussi à obtenir le 3 février 2021 la reconnaissance de la faute de l'État du tribunal administratif. Les associations avaient fêté une "victoire historique pour le climat" mais ont ensuite estimé en 2023 que l'État n'avait pas réparé sa faute, via une nouvelle action en justice, déboutée cette fois par le tribunal.
En Europe, le mois de mars a été, de très loin, le plus chaud jamais enregistré, selon le bulletin mensuel de l'observatoire Copernicus. Au niveau mondial, le mois écoulé se classe deuxième plus chaud, derrière mars 2024, prolongeant ainsi la série ininterrompue de records ou quasi-records de températures qui dure depuis juillet 2023.