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Climat

Energies renouvelables, transports verts... Les pistes du Giec pour limiter le réchauffement

Des panneaux solaires déployés à Oristano, en Sardaigne, le 15 juin 2015

Des panneaux solaires déployés à Oristano, en Sardaigne, le 15 juin 2015 - GIUSEPPE CACACE © 2019 AFP

Dans le troisième volet de son sixième rapport d'évaluation publié ce lundi, les experts du Giec formulent plusieurs recommandations pour limiter les effets du changement climatique.

Réduction des énergies fossiles, transports verts, villes piétonnes... Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui publie ce lundi le troisième volet de son nouveau rapport, formule des recommandations pour atténuer le changement climatique et en limiter ses conséquences dramatiques.

Dans tous les scénarios, que ce soit pour limiter le réchauffement à 1,5 °C ou à 2°C - qui sont les objectifs de l'Accord de Paris adopté en 2015 - "des changements rapides et profonds" s'imposent pour parvenir à "des réductions immédiates" des émissions de gaz à effet de serre (GES), alerte le Giec.

Pour limiter le réchauffement à 1,5°C, les émissions de gaz à effet de serre (GES) doivent plafonner d'ici trois ans, puis être divisées presque par deux (-43%) à l'horizon 2030, avant d'atteindre le zéro net au début des années 2050. Et tout cela est encore possible, à condition d'agir rapidement:

"Il y des options dans tous les secteurs pour réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2030, des options qui ont d'ailleurs vu leur coût diminuer comme avec les voitures électriques ou les panneaux solaires", assure Céline Guivarch, l'une des auteurs du rapport.

Voici les principales pistes esquissées par les experts.

• Aller vers une électricité verte

L'un des messages les plus importants du rapport, c'est "décarboner la production d'électricité et électrifier les usages pour parvenir à une consommation d'énergie bas carbone", a expliqué Franck Lecocq, le directeur du Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired), et l'un des co-auteurs, lors du point presse organisé par la Fondation européenne pour le climat.

D'un côté donc, produire de l'électricité sans émettre massivement du CO2: sans capture de carbone - une technologie non mature à grande échelle -, l'usage du charbon devrait être totalement stoppé et ceux du pétrole et du gaz réduits de 60% et 70%, respectivement, d'ici à 2050 par rapport aux niveaux de 2019, estime le Giec.

À cet horizon, la "quasi-totalité de la production mondiale d'électricité" devrait "provenir de sources zéro ou bas-carbone". Ce qui passe donc par les énergies renouvelables - hydraulique, éolien et solaire. La capacité des énergies photovoltaïque et éolienne a fortement augmenté, de 170% et 70% respectivement entre 2015 et 2019, grâce à la baisse des coûts, aux politiques publiques et à la pression sociale. Mais malgré ces hausses spectaculaires, elles ne représentent ensemble que 8% de la production électrique mondiale.

Quid du nucléaire? Pour rappel, en France, 70% de la production d'électricité provient de l'atome, ce qui explique notamment que le pays soit l'un des bons élèves en matière d'émissions de CO2. Sur cette question de l'atome, le Giec ne se prononce pas.

"Le rapport ne prend pas position et ne formule pas de recommandation, il dresse un panorama des connaissances pour permettre ensuite la prise de position", précise encore Franck Lecocq.

Autre versant de cette politique: électrifier les usages, ce qui signifie notamment développer les véhicules électriques, voitures comme deux-roues, mais aussi investir dans la recherche de nouvelles technologies - biocarburants, batteries à hydrogène - moins émettrices de CO2.

• Bâtir des villes piétonnes, avec des immeubles zéro énergie

Pour les experts du Giec, les politiques d'urbanisme pourraient représenter une véritable "opportunité" dans la réduction des émissions de GES. "Les zones urbaines offrent des opportunités-clés", assure Siir Kilkis, une des auteurs du rapport.

Toutes les villes pourraient ainsi atteindre l'objectif zéro émission en intégrant davantage de zones piétonnes pour limiter les besoins de transport, en favorisant les constructions zéro énergie - c'est-à-dire des bâtiments qui produisent et consomment la même quantité d'énergie - ou encore en développant les habitats collectifs.

"Pour le même nombre de ménages, les maisons unifamiliales nécessiteront plus de terrain, plus de matériaux de construction, plus d'eau et consommera plus d'énergie que les immeubles d'habitation, ce qui entraînera plus d'émissions de gaz à effet de serre", pointe ainsi Yamina Saheb, l'une des auteures principales.

• Développer la capture du CO2

Afin de limiter le réchauffement climatique et parvenir à la neutralité carbone, même dans les meilleurs scénarios, le Giec appelle au "déploiement de dispositifs de captation du dioxyde de carbone, pour contrebalancer les émissions résiduelles".

Ce qui passe notamment par des solutions naturelles, tel le reboisement ou l'agroforesterie afin d'optimiser la capture du CO2 par les sols et la biomasse. Les experts du Giec précisent néanmoins que la Terre ne peut à elle seule compenser "les retards pris dans la réduction des émissions de GES".

Les experts du climat parient également sur l'innovation technologique à venir afin de parvenir à capturer et stocker le CO2 de manière artificielle. Mais ces technologies ne sont à l'heure actuelle pas encore exploitables au niveau industriel - l'Ademe a jugé cette technologie "incontournable" mais au "potentiel limité".

• Recyclage, gaspillage alimentaire... Agir aussi au niveau individuel

Si la réduction des émissions de GES s'inscrit dans des choix politiques, notamment en matière de production d'énergie, elle passe également par des gestes individuels. Le Giec cite ainsi le recyclage et à la sobriété à tous les niveaux, mais invite aussi à adopter un régime alimentaire plus "sain et durable".

Sur ce point, les experts précisent qu'un "régime alimentaire sain et durable" est favorable pour la santé tout en ayant un faible impact sur l'environnement. Il est "accessible, abordable, sûr et équitable". En clair: un régime à base de céréales, légumineuses, fruits et légumes, noix et graines mais aussi carné, à condition que l'élevage de ces animaux soit "résilient, durable et faiblement émetteur de GES".

Le Giec évoque encore la limitation du gaspillage alimentaire qui, à l'échelle de l'humanité - plus de 7 milliards de Terriens et Terriennes aujourd'hui, 10 milliards à l'horizon 2050 - pourraient sensiblement faire baisser les émissions de CO2.

Mais de manière générale, les options concernant les choix de mobilité sont plus efficaces, par exemple changer sa voiture thermique pour une tout électrique ("améliorer), prendre un vol long-courrier de moins par an ("éviter") ou passer au vélo et à la marche ("changer") dans ses déplacements quotidiens. Devenir végétarien ou même totalement vegan réduirait moins les émissions que d'éviter un vol long-courrier par an.

"Pour pouvoir prendre le train plutôt que l'avion, le bus ou son vélo, encore faut-il que les conditions de ce choix soient créées et qu'il y ait par exemple des pistes cyclables", pointe Franck Lecocq, le directeur du Cired.

"Si l'on cumule tout cela", poursuit l'expert, "à l'horizon 2050, il y a un potentiel de réduction des émissions mondiales de 40% à 70%".

https://twitter.com/chussonnois Céline Hussonnois-Alaya avec AFP Journaliste BFMTV