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Pourquoi "Lost" est la meilleure série fantastique

La série "Lost" beaucoup copiée n'a jamais été égalée.

La série "Lost" beaucoup copiée n'a jamais été égalée. - ABC

BLOG - Il y a dix ans débutait Lost sur ABC. Le 22 septembre 2004, avec la première partie d'un pilote en deux actes, qui avait coûté à lui seul plus de 10 millions d'euros. En 40 minutes, le décor est posé, incroyablement accrocheur. Les Américains sont conquis, le monde aussi, Lost devient alors la plus grande série fantastique de tous les temps.

L'histoire garantissait à elle seul le succès. Sur une île déserte, semble-t-il inhabitée, un groupe de survivants d'un crash d'avion va apprendre à évoluer en communauté, en découvrant au fur et à mesure qu'ils sont en réalité sur un lieu mystérieux, plein de secrets. 

Entre Sa Majesté des mouches et l'Ile du docteur Moreau, tout en restant unique en son genre, Lost est parvenue à éliminer toute concurrence scénaristique. Ce n'est ni un recyclage de vieille science fiction, rien non plus de "post apocalyptique", ce genre que l'on nous sert à toutes les sauces aujourd'hui. Pas non plus de vampires ou de dragons. Non, Lost a créé un univers original, vu nul part ailleurs. Elle ne peut donc souffrir d'aucune concurrence, même dix ans après son lancement.

La mythologie et les "Losties"

Il serait toutefois faux de penser que Lost avait tout bon. Mis à part quelques personnages grandioses (John Locke, le maléfique-mais-touchant Ben), les acteurs n'étaient pas transcendants, certaines intrigues étaient même pénibles (oh, l'insupportable triangle amoureux Jack-Kate-Sawyer ...). Malgré cela, la force de l'intrigue et la puissance de la mythologie ont occulté les faiblesses de la série.

Car entre 2004 et 2010, la production d'ABC a pris le temps de développer un univers complexe et originale. Qu'est-ce que cette île? Les survivants sont-ils vraiment seuls? Les interrogations sont au centre de Lost. Au fil de l'évolution de l'histoire, elles prennent une allure plus métaphysique: John Locke (Terry O'Quinn), dont la paralysie des jambes a disparu avec son arrivée sur l'île, est convaincu d'être là pour une raison bien précise, que c'est son destin; à l'inverse, Jack Shepard (Matthew Fox), le leader héroïco-charismatico-rationaliste, n'y voit qu'un coup du sort.

Et là où Lost a marqué l'histoire des séries, c'est en placant le téléspectateur au centre de ces interrogations. Star Trek a les "Trekkies", Lost a les "Losties", des millions d'individus, qui pendant six ans, et encore aujourd'hui, se sont demandé si cette île était le paradis, le purgatoire, ou le fruit d'un simple rêve. Ce puissant lien tissé entre Lost et ses fans, est un lien de confiance, qui a souvent poussé le public à la critique. Trop de questions non résolues, de nouvelles interrogations qui s'accumulent. Une sorte de "Je t'aime moi non plus" qui a atteint son apogée avec la fin de la série, adorée par certains, détestée par d'autres. 

L'héritage compliqué

Preuve de l'influence qu'a eu Lost sur le paysage télévisuel américain, la fin de la série a accouché de plusieurs "séries-héritières", toutes plus pauvres les unes que les autres. FlashForward, Révolution, et même The Leftovers (passer par la case HBO ne fait pas tout), n'ont fait que renforcer le sentiment d'un vide scénaristique de l'après-Lost. Des séries mal-fagotées, mal jouées, souvent plus cliché que cliché, et surtout incapable d'accoucher d'un univers comparable à celui de Lost

C'est un peu comme pour l'équipe de France. On annonce en permanence l'émergence d'un nouveau Zidane. Cela n'arrive pas, le public est toujours déçu. Alors pour se remettre à rêver, il suffit de revisionner en boucle la finale de 98. Eh bien pour goûter à la fiction quand elle est à son meilleur niveau, il suffit de redécouvrir Lost. 6 saisons, 121 épisodes, environ 84 heures de visionnage. Ca vaut le détour, même 10 ans après. Joyeux anniversaire.

Bonus

Si vous avez la flemme de regarder l'intégralité de la série, un journaliste s'est amusé à la résumer en 108 secondes.

fiche technique

Créateurs: J.J. Abrams, Jeffrey Lieber, Damon Lindelof Chaîne de diffusion (US): ABC (2004-2010) Format: 42 min./épisode Casting: Mattheuw Fox / Evangeline Lilly / Terry O'Quinn

Pierre MILLET