Les trois vies du musée d'Orsay
Avec une fréquentation de 3,5 millions de personnes en 2014, le musée d'Orsay est l'un des lieux les plus visités de Paris. Pourtant, le musée situé en bord de Seine dans le 7e arrondissement de Paris n'a pas toujours exposé tableaux et sculptures. Retour sur l'histoire de l'un des joyaux de la capitale.
Le Palais d'Orsay, siège du Conseil d'Etat
Edifié entre 1810 et 1838, le Palais d'Orsay s'intègre dans un quartier aristocratique où ont été construits plusieurs hôtels particuliers et notamment l'Hôtel de Salm, qui abrite aujourd'hui le palais de la Légion d'Honneur. Au cours de la première partie du 19e siècle, le Palais doit accueillir le ministère des Affaires étrangères, indique le site du musée. Mais c'est finalement à la Cour des Comptes et au Conseil d'Etat qu'est affecté le bâtiment. Le ministère des Affaires étrangères s'installera lui à quelques centaines de mètres dans un hôtel particulier achevé en 1855 et toujours utilisé aux mêmes fins aujourd'hui. Le Palais d'Orsay, lui, subit un tout autre sort. En 1871, le bâtiment est incendié pendant la Commune de Paris et restera à l'état de ruine jusqu'à la fin du siècle.

La gare d'Orsay, prouesse de l'expo universelle
La fin du 19e siècle marque une période de renouvellement architectural et de projets de grande ampleur, notamment en vue de l'exposition universelle qui vit aussi naître la Tour Eiffel. Quelques années plus tôt, l'Etat cède le terrain de l'ancien palais à la compagnie des chemins de fer d'Orléans. Un projet de gare qui devait remplacer celle d'Austerlitz, moins centrale, voit le jour. Les architectes Lucien Magne, Emile Bénard et Victor Laloux se penchent sur le chantier et la gare est terminée pour l'exposition universelle.
Le bâtiment s'intègre parfaitement dans ce quartier chic et affiche une large verrière portée par une structure en métal, dans le style industriel de l'époque. De larges horloges signent s'intègrent également à l'architecture du lieu. Mais passé le cap du 20e siècle, la gare n'est plus adaptée aux nouveaux trains qui se modernisent. Dans les années 40 la gare n'est plus qu'une plate-forme de tri ou un lieu de transit pour les prisonniers revenant d'Allemagne.

Un musée à l'initiative de Valéry Giscard d'Estaing
Pendant plusieurs dizaines d'années, la gare qui n'en est plus une n'est réellement mise à profit. L'hôtel de la gare ferme, construit en même temps, ferme aussi ses portes en 1973. Alors que le bâtiment est menacé de démolition, la Direction des musées nationaux de France envisage à la même époque la création d'un musée dans l'ancienne gare. Il faudra attendre quelques années et l'impulsion du président Valérie Giscard d'Estaing pour que le musée soit créé. Il ouvrira finalement ses portes en décembre 1986. Le bâtiment sera restauré mais tout en préservant la structure de la gare qui exprime encore aujourd'hui toute la singularité du musée.