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60.000 animaux abandonnés: les refuges SPA submergés pendant les grandes vacances

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Tous les ans, 100.000 animaux sont abandonnés par leur maître dans un refuge ou, bien pire, au bord d'une route. L'été est particulièrement propice à ces rejets: on en compte 60.000 durant les grandes vacances. Ce mercredi matin, la SPA sonne l'alerte alors que le nombre d'animaux recueillis entre ses grilles excède déjà ses capacités.

100.000: c'est la moyenne du nombre d'animaux de compagnie abandonnés par leur maître chaque année en France. Et le gros du peloton est largué durant l'été. Ainsi, on compte 60.000 abandons durant les grandes vacances.

Ces rejets sont de deux ordres. Pour une part, le maître amène son chat ou son chien dans l'un des refuges prévus à cet effet. Pour l'autre, on se contente de le pousser sur le bord d'une route - un délit cette fois passible de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.

Dépôt ou renoncement sauvage, au bout de la chaîne, le résultat est le même: la bête délaissée atterrit dans un centre SPA, au point que l'association est déjà dans les cordes.

"À la SPA, adopter un animal, c’est en sauver deux car vous libérez une place. Actuellement, nous avons 8800 animaux dans nos refuges, c’est 1400 de plus que nos capacités. On pousse les murs mais si vous ne venez pas nous libérer des places on ne pourra pas en sauver plus", a lancé Sandrine Weltman, directrice de la protection animale à la SPA, sur notre plateau ce mercredi matin.

Carquefou: le quotidien d'un centre SPA en plein été

Le centre de Carquefou, en Loire-Atlantique, a exposé sa situation à nos caméras, comme un cas d'école. Entre les grilles de la structure, on recense 350 chats ou chiens. Un contingent qui pèse lourd sur les bras des 15 salariés et de la cinquantaine de bénévoles qui exercent sur le site. "On lance vraiment un cri de détresse pour que les gens viennent adopter parce qu’ici on a tout un tas d’animaux très gentils, sociables", s'est alarmée Anne, la responsable du refuge, avant de faire valoir: "Tous les animaux adoptés ici sont stérilisés, identifiés et vaccinés. Donc tout est fait ou tout est prévu d’être fait."

Le refuge de Carquefou organise d'ailleurs une journée portes ouvertes le 23 juillet prochain pour favoriser les adoptions. Mais Anne trace toutefois une perspective estivale très sombre: "Pour nous, c’est vraiment la grosse période, et ça nous inquiète car année après année, on ne voit pas d’amélioration."

Une pluralité de facteurs

Comment expliquer le nombre des abandons, et leur caractère endémique? D'après la responsable du centre SPA de Carquefou, le phénomène est affaire de mentalité, voire de culture: "L’animal, c’est un bien de consommation, dès qu’il y a un souci on va directement penser à l’abandonner. Alors qu’en Allemagne par exemple, l’animal fait vraiment partie de la famille."

"D’abord, il faut sensibiliser et rappeler qu’adopter un animal c’est s’engager pour la vie – un chien c’est 15 ans d’espérance de vie – et l’animal fait partie de la famille", a d'ailleurs souligné Sandrine Weltman dans nos studios.

Elle a cependant tenu à distinguer entre les différents facteurs susceptibles d'entraîner un abandon. "Il y a la situation économique : le changement de situation familiale, divorce, déménagement. On pense que le pouvoir d’achat sera aussi une raison", a-t-elle observé, avant de condamner:

"Et il y a des raisons beaucoup moins légitimes. On s’en désintéresse, à un moment on n’en plus envie, on passe à autre chose. C’est là que l’important pour nous est qu’on se rende compte que l’animal est un être vivant doué de sensibilité – c’est reconnu dans le Code civil depuis 2015 – et donc ça nous engage."

Face au cynisme

De surcroît, quand le cynisme s'en mêle, le désamour pour l'animal de compagnie peut même passer sous les radars de la SPA. "Les animaux de race, qu’on a achetés 1800 euros, curieusement, ne se retrouvent pas à la SPA mais sur le Bon Coin et c’est un problème", a ironisé Sandrine Weltman.

La directrice de la Protection animale de l'association a achevé: "On n’a pas forcément des animaux de race mais des animaux qui n’attendent que vous".

Robin Verner
Robin Verner Journaliste BFMTV