"30 hectares de vignes ont été détruits": une maire de l'Aude porte plainte face à l'invasion de chèvres

Les chèvres viennent du domaine de Taura, situé à Saint-André-de-Roquelongue, dans l'Aude (photo d'illustration). - Fabrice COFFRINI / AFP
Un envahissement incontrôlable. Catherine Maître, la maire de Villesèque-des-Corbières, commune de l'Aude située au sud de Narbonne, lance un appel à l'aide, alors que sa commune et trois autres villages avoisinants voient au moins plusieurs centaines de chèvres, boucs et chevreaux se déplacer de façon incontrôlée sur leur territoire depuis deux ans.
L'élue a déposé plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui, rapporte dimanche La Dépêche.
"Je lance un vrai appel au secours, car je ne sais pas quoi faire pour arrêter l'hémorragie", lance la maire de la commune d'un peu moins de 400 habitants.
"Faut-il qu'il y ait un accident mortel pour faire réagir?", s'inquiète-t-elle encore. En plus de Villesèque-des-Corbières, les communes de Saint-André-de-Roquelongue, Portel-des-Corbières et Peyriac-de-Mer sont concernées.
"Éviter un accident tragique"
Pour Catherine Maître, cette situation ne doit pas être prise à la légère. Les errements des bovidés pourraient être à l'origine de nombre de dangers dans la région.
"J'appelle au secours pour les usagers de la départementale D611A afin d'éviter un accident tragique. J'ai vraiment peur, notamment pour les motards", clame-t-elle.
La maire craint également des dégâts pour l'agriculture, avec notamment la présence de vignes proches. "30 hectares ont été détruits dans la commune", assure-t-elle.
Enfin, elle s'inquiète pour les "randonneurs et les chasseurs" qui pourraient croiser par hasard la route d'une chèvre ou d'un bouc potentiellement dangereux. "Les chasseurs, de fait, désertent les lieux, laissant ce territoire au sanglier, un nuisible qui peut ainsi proliférer", ajoute-t-elle.
Une propriétaire dépassée
Catherine Maître assure avoir déjà identifié l'origine du problème. Pour l'élue, les animaux intrusifs viennent du domaine de Taura, situé à Saint-André-de-Roquelongue.
Les bêtes auraient été acquises en 2016 par une personne seule, Valérie Corbeaux, rapidement dépassée par les événements, rapporte Le Monde en janvier dernier. En quelques années, la population serait passée de 80 à 1300 têtes, selon le dernier décompte, invérifiable, réalisé en décembre 2022.
"'L'idée (de la propriétaire) était de les élever en liberté. Or, elle n’a pas maîtrisé son troupeau, ni anticipé les événements", s'agace le premier adjoint aux affaires générales et à la sécurité à la mairie de Portel-des-Corbières Bernard Nowotny dans les colonnes du quotidien.
Depuis plusieurs mois, la colère gronde chez les maires des environs et certains vignerons et chasseurs de la région, tous mécontents de ce cheptel livré en grande partie à lui-même.
"Personne ne bouge"
Inquiète face à cette colère grandissante, Valérie Corbeaux lancé en mai dernier une pétition en ligne en soutien à ses bêtes, craignant alors de les voir euthanasier. Au moins 45.000 signatures sont récoltées.
Si une réunion de concertation était prévue en janvier dernier, la situation n'a pas évoluée dans le sens voulu par Catherine Maître. "Personne ne bouge", se désole-t-elle, assurant ne pas être en capacité de prendre les choses en main seule.
La maire a finalement décidé de porter l'affaire devant la justice. L'élue a déposé plainte contre X auprès du procureur de la République pour mise en danger d'autrui.