Chute de sérac au mont Blanc du Tacul: un Français tué et deux Allemands toujours recherchés

L'ESSENTIEL
- Plusieurs personnes ont été emportées dans une avalanche survenue au mont Blanc du Tacul en Haute-Savoie. Au moins un mort et quatre blessés sont à déplorer. Lire l'article
- Les opérations de secours et de recherche sont menées par le peloton de gendarmerie de Chamonix, habitué aux accidents de haute montagne. Lire la brève
- Une "chute de séracs", un grand bloc de glace pouvant atteindre la taille "d'un immeuble" serait à l'origine de l'accident. Lire l'article
Un Français tué et deux Allemands toujours recherchés
Deux alpinistes allemands étaient "recherchés" dans la soirée dans le massif du Mont-Blanc, où une personne a été tuée et quatre blessées dans la chute d'un sérac, un énorme bloc de glace détaché d'un glacier, un phénomène "de saison et imprévisible".
Les deux Allemands, âgés de 30 et 39 ans, "ont passé la nuit au refuge des Cosmiques, situé au pied du Mont-Blanc du Tacul", où est survenu l'accident dans la nuit de dimanche à lundi. Depuis, "ils manquent à l'appel", a déclaré le Peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne (PGHM) de Chamonix.
Deux Allemands portés disparus sur le site
Deux Allemands sont actuellement recherchés sur le site de l'accident, a appris BFMTV auprès d'une source à la gendarmerie.
Selon une source proche de l'enquête, deux Allemands, âgés de 30 et 39 ans, sont portés disparus.
"Une affaire d'alpinistes": l'ancien patron du PGHM rappelle que l'ascension du mont Blanc est "loin d'être facile"
Selon Blaise Agresti, ancien patron du peloton de gendarmerie de haute-montagne de Chamonix, "chaque jour c'est à peu près 300 alpinistes qui tentent le mont Blanc par les deux voies classiques dont celui où a eu lieu la chute de sérac aujourd'hui".
Le plus haut sommet d'Europe est donc "très très fréquenté mais loin d'être facile avec des chutes de pierres sur le couloir du Goûter et, de ce côté-là, plutôt des chutes de sérac".
"Le mont Blanc, c'est une affaire d'alpinistes: à la fois accepter les risques et ne pas banaliser la réalité de cette ascension", déclare Blaise Agresti, qui ajoute que "si on rentre dans une période de canicule, ça peut rendre la montagne plus dangereuse".
Avec le réchauffement climatique, "il y a beaucoup de courses qu'on ne fait plus aujourd'hui"
Si les chutes de sérac sont naturelles et dues à l'avancement du glacier, avec le réchauffement climatique, le risque augmente. "Il y a beaucoup de courses qu'on pouvait faire qu'on ne fait plus aujourd'hui parce qu'une partie s'est écroulée, parce que c'est trop dangereux, parce qu'avec le réchauffement climatique, on a des chutes de pierres qui sont plus précoces", détaille Xavier Roseren, député de la 6e circonscription de Haute-Savoie.
"Tout ça, les guides l'ont intégré", assure-t-il.
"C'est un métier d'adaptation et on continuera à faire de la montagne pendant très très longtemps, mais de façon différente", conclut le député.
La gendarmerie de haute montagne de Haute-Savoie "déconseille vivement aux alpinistes de repartir sur cet itinéraire"
La gendarmerie de haute montagne de Haute-Savoie "déconseille vivement aux alpinistes de repartir sur cet itinéraire", qui "est particulièrement dangereux car on se retrouve exposé à ces chutes de sérac qui peuvent intervenir n'importe quand".
"Et là, tout particulièrement du fait de l'accident de ce matin, on a des conditions qui sont très dangereuses", explique Étienne Rolland.
En outre, si le niveau des alpinistes amateurs impliqués n'est pas lié à l'accident, Étienne Rolland souligne que "les professionnels de la montagne ont tendance à éviter cet itinéraire au fur et à mesure que la saison estivale passe parce que les conditions de neige sont de plus en plus compliquées et que l'itinéraire est de plus en plus technique".
"Ils s'engagent moins sur cet itinéraire-là, à cette période-là", résume-t-il.
"On n'est pas sûr qu'il n'y ait plus personne en haut": la gendarmerie indique que le bilan des victimes est toujours "provisoire"
Étienne Rolland, commandant du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Haute-Savoie, rappelle que les recherches de terrain sont suspendues car il s'agit d'une zone "particulièrement dangereuse".
Le travail de recherche pour définir combien de personnes pouvaient être sur place au moment de la chute de sérac se poursuit toutefois. "Une nouvelle reconnaissance hélico est en cours pour voir si on n'a pas de nouveaux indices, pour lever des doutes", indique Étienne Rolland.
Il précise que le bilan des victimes est "provisoire". "On n'est pas sûr qu'il n'y ait plus personne en haut", affirme-t-il.
Face au réchauffement climatique, "les glaciers sont dangereux et les régions deviennent de plus en plus imprévisibles"
"Les glaciers sont toujours en mouvement, affirme Heïdi Sevestre, glaciologue, qui explique qu'ils fonctionnement "comme une machine à pièces avec beaucoup de poids qui pousse par l'arrière donc on peut avoir des chutes de sérac, de glace, par-devant".
Une enquête a été ouverte et il faudra du temps pour savoir si (cet accident) lié ou non au changement climatique". "Ce qui est clair c'est que les glaciers n'ont pas attendu le changement climatique pour être dangereux", précise Heïdi Sevestre.
Les Alpes ne réchauffent deux fois plus vite que la moyenne planétaire.
"Forcément quand le thermostat augmente considérablement, il faut être particulièrement vigilant", dit la glaciologue.
"Les glaciers sont dangereux et les régions deviennent de plus en plus imprévisibles et changent de comportement face à l'augmentation des températures", ajoute-t-elle.
La gendarmerie de haute montagne explique que "l'intervention a été particulièrement compliquée"
Étienne Rolland, commandant du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Haute-Savoie, explique que "l'intervention a été particulièrement compliquée", notamment car elle a eu lieu de nuit.
"Les secouristes qui arrivent là-bas, il faut qu'ils arrivent à comprendre ce qu'il se passe", détaille Étienne Rolland.
En outre, "qui dit chute de sérac dit qu'il y a un risque de suravalanche", explique-t-il. "Il a fallu aller très vite pour prendre en charge toutes les victimes", dit-il.
Deux personnes hospitalisées, dont un homme de 42 ans en réanimation
Parmi les blessés de l'accident, se trouve un homme de 42 ans qui souffre d'une hémorragie cérébrale et est actuellement hospitalisé en réanimation. Également hospitalisée, une femme de 40 ans blessée au niveau des poumons.
Ces deux personnes étaient encordées ensemble, avec également la personne décédée. Cette cordée était partie du refuge des cosmiques où elle a passé la nuit en vue d'effectuer l’ascension du mont Blanc.
Un homme de 17 ans et son père de 58 ans ont été blessés, respectivement à la cheville et aux cervicales. En outre, il y avait quatre autres cordées sur les lieux de la chute de sérac. Tous sont sortis indemnes et ont porté secours aux personnes blessées.
Toutes les personnes présentes étaient des amateures et aucun professionnel n'était présent au niveau des cordées.
Les opérations de recherche suspendues
Selon une source proche de l'enquête à BFMTV, les opérations de recherche sont suspendues au mont Blanc du Tacul cet après-midi car la zone est trop risquée pour les secouristes, notamment en raison du risque d'avalanches.
Un gros dispositif de recherche d'éventuelles victimes ensevelies a été mis en place mais s'est révélé négatif.
La personne décédée est de nationalité française
La personne décédée est de nationalité française, a appris BFMTV d'une source proche de l'enquête. Il s'agit d'un homme de 57 ans retrouvé en surface, victime d'un arrêt cardio-respiratoire.
La "surfréquentation" de l'ascension du mont Blanc "n'est pas en cause" dans cet accident
La "surfréquentation" de l'ascension du mont Blanc "n'est pas en cause" dans cet accident, assure sur BFMTV Blaise Agresti, ancien patron du peloton de gendarmerie de haute-montagne de Chamonix.
Alors que l'alpinisme et le tourisme de haute montagne attirent toujours plus d'adeptes, Blaise Agresti explique que depuis quelques années et la mise en place de régulation par la mairie de Saint-Gervais, "le mont Blanc est devenu plus raisonnablement fréquenté".
Selon lui, au moment de cette chute de sérac, il y avait même "moins de personnes que d'habitude".
Pour le maire de Saint-Gervais-les-Bains, "toute la communauté montagnarde est meurtrie"
Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais-les-Bains, partage son émotion sur BFMTV après ce drame.
"C'est toute la communauté montagnarde qui est meurtrie par cet accident. Nous sommes tous solidaires de nos amis de la vallée de Chamonix", assure-t-il.
Il tient à rappeler que "la montagne est dangereuse, tout le temps, qu'il peut y arriver des accidents".
Un risque exacerbé par le réchauffement climatique?
Cet événement dramatique a-t-il été rendu plus probable par le dérèglement du climat?
Avec le réchauffement climatique, le risque de chutes de pierres et de sérac augmente. Certains guides recommandent donc d'éviter l'ascension du mont Blanc trop tardivement en été, ou préfèrent passer par d'autres itinéraires.
"C'est difficilement prévisible": un ancien secouriste de haute montagne alerte sur le "danger" des séracs
Éric Mesnier, ancien secouriste du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) s'exprime sur BFMTV. Il estime que la chute de séracs est un événement "difficilement prévisible".
"C'est difficilement prévisible, depuis qu'on connaît le monde de l'alpinisme, on sait que le plus gros danger c'est une chute de séracs. C'est vraiment un amas de glace qui vient dans une pente qui est très forte, sous lequel on doit passer", explique-t-il.
Ces amas de glace peuvent même atteindre la taille d'un "immeuble", des "tonnes et des tonnes de glace".
Des webcams ont capturé l'accident
Des webcams braquées sur le massif du mont Blanc 24 heures sur 24 ont capturé les images de l'accident, comme l'a repéré Le Dauphiné Libéré. On peut y voir que les faits sont survenus aux environs de 2h30.


Une "chute de séracs" d'origine naturelle à l'origine de l'accident
Les premiers éléments recueillis laissent supposer que l'accident, survenu aux alentours de 3 heures du matin, a été déclenché par une "chute de sérac" d'origine naturelle.
La chute de séracs (un gros bloc de glace) est le plus gros risque en été pour l'ascension du Mont Blanc. Habituellement, le risque est maximal sur l'arête du Goûter.
Dix personnes indemnes secourues, "les opérations se poursuivent"
La préfecture indique que l'ensemble des victimes ont été prises en charge par les services de secours, avant d'être évacuées vers les établissements hospitaliers de Sallanches et d’Annecy.
Dix autres personnes impliquées et secourues s'en sont sorti indemnes.
"Les opérations se poursuivent", ajoute la préfecture.
Hélicoptères, chiens... Les secours sur place
Comme l'a indiqué la préfecture de Haute-Savoie à BFMTV, des moyens héliportés de la gendarmerie nationale et de la protection civile sont mobilisés.
Sont également sur place deux équipes cynophiles et ainsi que des secouristes (PGHM et SDIS) et des véhicules de secours et d’assistance aux victimes et leurs équipages du SDIS et du SAMU.
Au moins un mort et quatre blessés après une avalanche
Bonjour et bienvenue à ce direct consacré à l'avalanche ayant fait au moins un mort et quatre blessés dans l'ascension du mont Blanc. Au total, 15 alpinistes sont impliqués.