Violences faites aux femmes : un plan de 66 millions d’euros

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Le gouvernement « double les moyens » consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes, dans un plan triennal présenté vendredi. Ce plan interministériel a été détaillé ce matin sur RMC par Najat Vallaud-Belkacem qui était l’invitée de Jean-Jacques Bourdin.
Ce 4e plan triennal, qui veut faire des violences faites aux femmes « une priorité de santé publique », ambitionne de « ne laisser aucune violence déclarée sans réponse pénale, sanitaire et sociale ».
Alors que 10 000 plaintes pour viol sont déposées chaque année (27 par jour), un « défi essentiel », afin d'obtenir une condamnation, est d' « assurer les constatations de la façon la plus précoce », observe le ministère.
« Allez à la gendarmerie »
Car les victimes ont parfois du mal à se faire entendre, à l'image de Michelle, 61 ans qui témoignait ce vendredi sur RMC. Elle a été victime en 2002 d'agressions physiques par son compagnon : « Expliquer les sévices sexuels, dans un premier temps, les policiers et les gendarmes ne vous croient pas. J’ai porté plainte et malgré les certificats médicaux, l’affaire a été classée par le procureur. Toutes les femmes, à la moindre gifle qu’elles n’hésitent pas, qu’elles prennent leur courage à deux mains, pour elles, pour leurs enfants. Allez à la gendarmerie. Mettez votre compagnon dehors, ce n’est pas à vous d’aller dans un centre d’hébergement ».
Le plan prévoit donc d'expérimenter dans plusieurs services d'accueil des urgences et à domicile un « kit de constatation en urgence » pour effectuer des prélèvements en cas de viol, sur le modèle de celui utilisé aux Etats-Unis.
1650 places d'hébergement
Autre mesure : le doublement du nombre des intervenants sociaux en commissariats et en brigades de gendarmerie, soit 350 intervenants en 2017. L’actuel « 39 19 » devient le numéro de référence d’accueil téléphonique et d’orientation des femmes victimes de violences. Il deviendra en janvier 2014 ouvert 7 jours sur 7.
Le gouvernement prévoit par ailleurs la création de 1 650 places d'hébergement d'urgence d'ici 2017. Un hébergement qui manque cruellement juge Amelle Arbin-Perrot, directrice de SOS Femmes : « Aujourd’hui, il n’existe rien, c’est-à-dire qu’on peut imaginer éventuellement quelques nuits d’hôtel sur une urgence mais quand il n’y a pas de place, c’est le retour au domicile. (…) C’est extrêmement humiliant pour elles de se retrouver dans un dortoir avec d’autres personnes qui ont d’autres problématiques alors que ce sont des victimes ».
220 000 femmes victimes de violences conjugales chaque année
Pour améliorer le signalement et la prise en charge des victimes, doit être créée une formation spécifique des professionnels potentiellement concernés (médecins, travailleurs sociaux, enseignants, magistrats, avocats, policiers, gendarmes ...).
Les derniers chiffres de l'Insee, publiés vendredi, montrent que 1,2 million de femmes de 18 à 75 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles sur deux ans (2010-2011), soit 5,5% de cette tranche d'âge. En moyenne ces dernières années, 220 000 femmes par an ont été victimes de violences conjugales, mais moins d'une sur trois s'est déplacée à la police ou à la gendarmerie. Une étude du ministère de l'Intérieur a estimé que 148 femmes sont mortes en 2012, victimes de leur conjoint ou ex-conjoint, soit en moyenne, une tous les 2,5 jours.