Violences à Argenteuil : le procès des deux hommes renvoyé

Le procès de deux hommes jugés après des affrontements liés au contrôle d'une femme portant le voile intégral a été renvoyé à février 2014. - -
Le procès de deux hommes jugés pour des violences sur des policiers lors du contrôle d'une femme portant le voile intégral en juin à Argenteuil (Val-d'Oise) a été renvoyé mardi au 18 février 2014 par le tribunal correctionnel de Pontoise.
Le tribunal a fait droit à la demande d'un des prévenus, qui souhaitait plus de temps pour préparer sa défense, ayant récemment changé d'avocat.
Agés de 23 et 37 ans, les deux hommes sont poursuivis pour des violences sur des policiers. Ils encourent une peine de prison ferme. Les policiers avaient été pris à partie par des dizaines de personnes et avaient essuyé des insultes et des coups.
Mais des habitants présents ont mis en cause l'attitude des policiers, les accusant de provocations et d'avoir fait un usage de la force disproportionné. Les policiers avaient utilisé des bombes lacrymogènes et des tirs de flash-ball pour disperser la foule.
« La police a surréagi »
Me Hosni Maati, l’avocat de l’un des deux prévenus estime que les forces de l’ordre ont réagi de manière excessive : « [Mon client] est descendu parce qu’il s’inquiétait de la situation de son fils qui était à ce moment-là dehors. Il a pu constater de graves tensions entre les policiers et les jeunes qui étaient présents. Il a vu un fourgon de police avec une femme qu’il connaissait, on l’a repoussé, il a donné un léger coup de pied sur le véhicule de police. Il a été interpellé, il a résisté à son interpellation. Ce qui est clair, c’est que la police a surréagi. Beaucoup de témoignages vont dans ce sens ».
Ce contrôle avait eu lieu dans un contexte de tension à Argenteuil, trois semaines après l'agression d'une jeune femme portant le voile. Et deux jours après ce contrôle policier, une autre femme voilée a été agressée en pleine rue à Argenteuil, frappée au ventre alors qu'elle était enceinte de 4 mois. Agression suite à laquelle elle a perdu son bébé.
Climat de méfiance à Argenteuil
A Argenteuil, le climat est à la méfiance. « On essaie toujours de sortir en groupe, raconte Sara, qui porte le jilbeb, un long voile qui part de la tête au pied. Je ne vais avancer sans regarder et je sors à des heures pas tardives. On est même devenues un peu paranoïaques, il y a des petites rues dans lesquelles on ne passe plus parce qu’on a peur. Ça s’est un peu apaisé mais on n’est pas tranquilles ». Bilal accompagne souvent son épouse : « C’est une cible potentielle vu la façon dont elle s’habille. La plupart du temps, elle sort avec moi. Mais quand elle n’a pas le choix, je suis très inquiet donc je l’appelle souvent au téléphone ».
Nadia est persuadée que d’autres agressions pourraient se produire : « Ça n’a pas eu l’écho nécessaire, du coup on se dit que les personnes qui ont fait ça se sentent à l’abri. On prend nos précautions nous-même car personne ne fait rien pour nous ».
La justice enquête depuis la mi-juin mais les agresseurs n'ont pas encore été retrouvés.