Une femme sur trois victime de violence physique ou sexuelle en Europe

Les femmes européennes n'ont pas toutes la même perception de la violence. - -
Non, cela n'arrive pas qu'aux autres. En Europe, une femme sur trois a été victime de violences physiques ou sexuelles. C'est le terrible constat d'une étude d'une ampleur publiée ce mercredi.
L'Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) estime que 62 millions de femmes dans l'UE ont déjà subi des violences physiques ou sexuelles, et qu'une femme sur vingt a déjà été violée depuis l'âge de 15 ans.
Les femmes des pays du nord de l'Europe ont le plus souvent déclaré avoir été victimes de violences: elles sont 52% au Danemark, 47% en Finlande, 46% en Suède et 45% aux Pays-Bas. A l'inverse, les pays du sud de l'Europe affichent des taux plus bas: 22% des femmes en Espagne, à Chypre et à Malte ont déclaré avoir subi des violences.
67% des sondées n'ont pas dénoncé les violences
Selon l'étude, 22% des femmes de l'UE ont fait l'objet de violence physique ou sexuelle perpétrée par leur partenaire, et 67 % n'ont pas signalé à la police ou à un autre organisme l'acte le plus grave de violence qu'elles ont subi de leur conjoint.
La FRA a appelé les États membres de l'UE à ratifier la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence des femmes et la violence domestique, dite Convention d'Istanbul. A ce jour, seuls l'Autriche, l'Italie et le Portugal ont ratifié ce document.
Des réponses variables selon le modèle culturel
"Je ne pense pas que la Suède ait un plus gros problème que les autres pays européens. Je pense que les autres pays (...) n'ont pas les lois ni le niveau de sensibilisation au problème que nous avons en Suède", a réagi Angela Beausang, qui dirige le réseau suédois de refuges pour femmes Roks.
En Croatie, où 21% des femmes ont indiqué avoir déjà subi des violences, le viol conjugal n'a été reconnu comme infraction qu'en 1998, a rappelé à Zagreb Maja Mamula, responsable de l'ONG Zenska Soba. "Il y a encore un grand nombre de femmes, des générations plus anciennes ou dans les zones rurales, qui ne savent pas que c'est condamnable", a-t-elle expliqué.
"Les réponses dépendent complètement de ce qui est perçu comme violence dans les différents pays de l'UE", a confirmé Karin Helweg-Larsen, chercheuse à l'Institut danois de santé publique.
La FRA a recueilli en 2012 les témoignages de 42.000 femmes, âgées de 18 à 74 ans et vivant dans les 28 pays de l'UE. C'est la plus vaste enquête jamais réalisée sur le sujet.