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Société

Une étudiante en pharmacie sur deux a subi du harcèlement sexuel dans le cadre de ses études

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - ALEX HALADA © 2019 AFP

Une récente étude révèle l'ampleur du phénomène dans ce milieu affecté par le poids des "traditions" et un "effet de mimétisme" favorisé par un apprentissage "en vase clos".

Un chiffre alarmant. La moitié des futures pharmaciennes font état de harcèlement sexuel et un quart disent avoir subi une agression sexuelle dans le cadre de leurs études, selon une enquête présentée ce mercredi par l'Association nationale des étudiants en pharmacie (Anepf).

"Les constats sont affligeants et déplorables", a déclaré le président de l'Anepf, Numan Bahroun, lors d'une conférence de presse, affirmant sa "volonté de briser l'omerta".

L'enquête, menée entre novembre et décembre 2021 auprès de 2103 étudiants en pharmacie jette une lumière crue sur une filière imprégnée par les violences sexistes et sexuelles - qui touchent deux fois plus les femmes que les hommes.

Autres étudiants, professeurs et pharmaciens

Plus d'une sur deux (55%) a ainsi déjà fait l'objet de remarques sexistes, de la part d'autres étudiants mais aussi de professeurs, par exemple sur la place des femmes "dans la cuisine", le recours à la pilule du lendemain ou à l'avortement.

Près de la moitié des étudiantes (48%) rapportent également des faits de harcèlement, souvent par d'autres pharmaciens mais aussi de la part d'enseignants, certains témoignages évoquant l'envoi de "messages déplacés" ou des "caresses sur les cheveux" pendant les cours.

Un climat vicié, propice au passage à l'acte: plus d'une sur quatre (27%) a subi des agressions sexuelles, principalement lors de soirées étudiantes.

Le poids des "traditions"

"Cette banalisation des actes entre étudiants a été une surprise", a souligné Théo Vitrolles, porte-parole de l'Anepf, étonné aussi de retrouver un tiers d'étudiantes harcelées dans les officines, où "on ne s'attendait honnêtement pas à retrouver ce genre de violences".

Pas de stupéfaction en revanche à l'hôpital, où les résultats "choquants" (28% d'étudiantes harcelées) font écho aux conclusion "similaires" d'une enquête réalisée début 2021 par l'association des étudiants en médecine (Anemf).

Ce qui confirme que "ces violences sont plus répandues dans le milieu de la santé que dans les autres filières universitaires", a ajouté Théo Vitrolles, expliquant cette différence par le poids des "traditions" et un "effet de mimétisme" favorisé par un apprentissage "en vase clos".

S.R. avec AFP