"Un truc incroyable": après son appel à l'aide, une éleveuse de chèvres endettée récolte plus de 120.000 euros

Sa situation a ému de nombreux Français. Delphine Serreau, éleveuse de chèvres dans l'Indre, endettée à hauteur de 400.000 euros, s'est rendue mercredi 14 février à l'Élysée pour alerter sur sa situation précaire, alors que des agriculteurs se sont mobilisés pendant plusieurs semaines pour alerter sur les difficultés de leur métier. Les images de son appel à l'aide ont touché de nombreux internautes.
Ce vendredi, elle remercie sur le plateau de BFMTV les nombreux donateurs qui ont participé à la cagnotte qu'elle a lancée sur la plateforme Leetchi pour tenter de combler ses dettes.
"C'est un truc incroyable, je n'en reviens même pas", clame l'éleveuse à notre micro.
"J'étais au bord du gouffre. Ça fait 5 mois que je suis dans cette galère, je ne croyais pas m'en sortir", reconnaît-elle avec émotion.
Plus de 120.000 euros récoltés
Delphine Serreau dit avoir une dette de 400.000 euros, notamment en raison d'un "camion de foins défectueux" qui lui fait perdre "60.000 euros de lait et de production laitière", et risquer la liquidation judiciaire.
L'éleveuse assure qu'elle était sous pression de sa banque pour rembourser une partie de cette dette au 31 décembre dernier, avant de bénéficier d'un délai en raison du lancement d'une cagnotte fin 2023. "(Mes banquiers) ont cru en moi et m'ont laissé le temps", salue-t-elle.
Si, dans un premier temps, la somme récoltée reste faible, les images de sa venue à l'Élysée font ensuite le tour des réseaux mercredi, permettant à la cagnotte de connaître un soudain bond en popularité. Ce vendredi en milieu d'après-midi, 121.851 euros avaient été récoltés, alors que l'éleveuse estime avoir besoin d'environ 135.000 euros pour "être soulagée et tranquille".
"Mon dernier coup de poker"
Delphine Serreau reconnaît que son idée de se rendre à l'Élysée avec l'une de ses chèvres, prénommée Princesse, a d'abord inquiété ses proches.
"Ma mère avait peur pour moi, parce qu'elle me savait prête à tout. Elle avait peur que je me fasse arrêter par les policiers, mise en garde à vue avec ma chèvre", sourit-elle.
Mais l'Indrienne assure qu'il s'agissait d'un acte désespéré. "C'était mon dernier coup de poker", reconnaît-elle.
"Je ne savais plus quoi faire. Il fallait attirer l'attention sur moi, je n'ai pas plein de tracteurs pour bloquer les autoroutes", s'amuse-t-elle, en référence aux blocages menés ces dernières semaines par des agriculteurs.
"Que je fasse tout pour m'en sortir"
"Il fallait que je fasse tout pour m'en sortir pour ma mère", confie Delphine Serreau avec émotion, confiant travailler entre 15 et 20 heures par jour, seule depuis un an et demi sur son exploitation, après que son associé a soudainement quitté le projet.
C'est "un amour de mère", souligne-t-elle. "Sans elle, je n'aurais pas pu tenir", dit l'éleveuse, précisant que sa mère lui a donné "80.000 euros", soit "toutes ses économies", pour la soutenir et qu'elle travaille auprès de sa fille.
"Je suis une combattante, je me suis toujours battue, mais d'habitude je me bats pour les autres", confie-t-elle, avant d'ajouter que même dans ce combat elle estime, modestement, s'être battue d'abord "pour (ses) chèvres et pour (son) entourage".
"L'impression de vivre un rêve éveillé"
À ceux qui ont donné un peu leurs économies ou simplement qui lui ont écrit, elle dit "merci". "Vous êtes en train de sauver mes 80 chèvres et une vie humaine. J'allais dire que ça n'a pas de prix, mais pour certains si", assure-t-elle.
"Je ne pensais pas qu'un tel élan de solidarité pouvait exister", lâche-t-elle.
"J'ai eu des témoignages de jeunes qui ont mis toute leur tirelire. J'en ai pleuré", soutient-elle, disant avoir "l'impression de vivre un rêve éveillé."
"J'ai dormi en trois jours une heure et demie. Je n'arrive plus à trouver le sommeil, j'ai trop d'adrénaline", soutient l'éleveuse, n'osant presque pas croire à ce qui lui arrive.
"J'aimerais dire à tous les détracteurs, parce que j'en ai, que ce n'est pas simple de faire ce que je fais, de mettre sa fierté et son amour propre de côté" pour demander de l'aide, glisse-t-elle. "Vous ne savez même pas ce que je traverse et les pensées que j'ai eues", soutient-elle, des sanglots dans la voix.