Un maire basque refuse de célébrer un mariage gay : le couple réplique

Jean-Michel et Guy s'aiment depuis seize ans et souhaitaient se marier sans faire de vagues. - -
Un maire basque refuse de célébrer un mariage homosexuel. Depuis 31 ans, Jean-Michel Colo est maire divers droite d'Arcangues, dans les Pyrénées-Atlantiques, et il l'assure: il ne célèbrera pas de mariage homosexuel dans sa commune. Il estime que la loi sur le mariage pour tous est « illégitime ». Un couple d'hommes a voulu se marier dans sa commune, mais il a refusé. Déterminés à défendre leur droit jusqu'au-bout, Jean-Michel et Guy, soulignent qu’ils se seraient bien passés du battage médiatique.
Ce week-end, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a rappelé que les maires qui refuseraient de marier des couples homosexuels s'exposaient à des « sanctions importantes ». Un maire peut être condamné pour discrimination en cas de dépôt de plainte et risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. Il peut aussi faire l'objet d'une "révocation" de son mandat de maire, a souligné ce dimanche la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem.
« J’assumerai la punition »
Jean-Michel Colo connait les risques mais assure qu’il ira jusqu'au bout : « Personnellement, j’assumerai la punition, s’il y en a une. J’ai pas envie de payer d’amende, j’ai pas envie d’aller en taule, j’ai pas envie d’être condamné à mort, mais si ça se fait, on verra, on défendra, et puis voilà, c’est la vie. Je suis en paix avec ma conscience ; je ne sais pas si vous imaginez la richesse que c’est. J’aurais subi un mal-être de devoir le faire par duplicité, en n’étant pas d’accord et en pliant l’échine. Je ne plie pas l’échine, y’a rien à faire ! ».
Le couple ira lui aussi jusqu'au bout
Jean-Michel et Guy s'aiment depuis seize ans et souhaitaient se marier sans faire de vagues. Face au refus du maire de leur commune basque d'appliquer la loi, ils entendent défendre leur droit jusqu'au-bout, même s'ils se seraient bien passés du battage médiatique. « Notre but initial était de faire le moins de vagues possible, sans pub ni médias. Pour respecter les convictions du maire, nous lui avons même proposé de le célébrer hors de la salle des mariages et le faire chez nous avec un assesseur mais il a également refusé », raconte Jean-Michel, informaticien de 55 ans. Les deux hommes ont tenté de trouver une solution dans un autre village de la communauté de commune, mais seul le lieu de résidence prévaut. « J'ai aussi le moyen d'aller dans ma mairie de naissance, dans une ville du sud-est, mais la mairie là-bas est de couleur encore plus sombre », dit Jean-Michel sans plus de précisions.
Guy Martineau-Espel étant né en Algérie, ils sont aujourd'hui « en train de réunir les pièces nécessaires » pour effectuer la demande officielle. « On récupère via internet les extraits de naissance. J'ai le mien et nous attendons celui de Guy », dit Jean-Michel. Les témoins sont également connus, il s'agit de leurs voisins à Arcangues, un village où leur orientation sexuelle est connue et où, dit Jean-Michel, « on apprécie notre discrétion ». Selon Guy, le couple a le soutien de « tous les voisins », et ils sont déjà une vingtaine à s'être proposés comme témoins.
« Ce n'est pas nous qui voulons le bras de fer »
« Le maire aura 15 jours pour nous signifier son refus de nous marier et nous pourrons alors saisir le procureur de la République », indique Jean-Michel, soulignant encore que « ce n'est pas nous qui voulons le bras de fer ». « On ne veut ni adopter, ni procréer, simplement se protéger l'un-l'autre avec la pension de réversion ou l'héritage de notre bien en cas de décès. On veut simplement un Pacs amélioré car la formule du Pacs ne nous satisfait pas », explique Jean-Michel. « On voulait juste apposer notre signature en bas du document. Dans la discrétion la plus totale », dit Guy, non sans ajouter que le maire leur a quand même un peu « gâché la fête ».