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Un Français sur quatre boit trop d'alcool, selon une enquête de Santé Publique France

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Les auteurs notent un important décalage entre les sexes, ainsi 33,2% des hommes interrogés ont une consommation d'alcool qui dépasse les repères fixés, contre 14,7% des femmes.

En 2020, "23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans" a dépassé "les repères de consommation d’alcool", écrit Santé Publique France dans un baromètre santé publié ce mardi. Ces résultats, s'ils peuvent alerter sur le comportement à risque d'une partie de la population, n’ont "pas évolué significativement entre 2017 et 2020", écrit l'organisme.

L'enquête présentée a, entre autres, pour objectif "d’améliorer le ciblage des actions de prévention, en tenant compte des inégalités sociales de santé". Cette semaine, Santé Publique France a d'ailleurs mis en ligne une nouvelle affiche rappelant que "la consommation d’alcool peut être dangereuse pour votre santé."

Plus de deux verres par jour, plus de dix verres par semaine

Cette enquête téléphonique a commencé le 8 janvier 2021, mais a été interrompue le 16 mars, en raison de la mise en place du premier confinement. Elle a ensuite repris du 4 juin au 28 juillet. En tout, "ces deux phases de terrain ont permis d’interroger 14.873 personnes de 18 à 85 ans (9178 personnes avant le 1er confinement et 5695 après), dont 13.725 âgées de 18 à 75 ans", en France métropolitaine.

Ces personnes ont été interrogées à chaque fois sur leur consommation d'alcool dans les sept derniers jours, et leurs réponses ont été analysées selon des critères établis en 2017.

Ainsi pour SPF "la consommation d’alcool dépasse les repères si la personne déclare avoir bu plus de deux verres d’alcool en une journée et/ou déclare avoir bu plus de dix verres d’alcool sur l’ensemble de la semaine et/ou déclare ne pas avoir eu au moins deux jours sans consommation d’alcool au cours de la semaine".

Ceux qui déclarent n'avoir franchi aucun de ces caps sont considérés comme n'ayant pas dépassé les repères.

Les personnes qui dépassent la consommation préconisée d'alcool, "s’exposent dès lors à des complications hépatiques, cardiovasculaires, neurologiques ainsi qu’à un risque majoré de cancers" écrit l'Inserm, "l’alcool reste ainsi la deuxième cause de mortalité prématurée dans notre pays, et une des toutes premières causes d’hospitalisation."

Davantage d'hommes que de femmes

SPF souligne à plusieurs reprises dans son enquête que "quel que soit l’âge, les hommes dépassaient davantage les repères que les femmes". Ainsi 33,2% des hommes interrogés ont une consommation d'alcool qui dépasse les repères fixés, contre 14,7% des femmes. Globalement, dans toutes les tranches d'âges, on retrouve le même pourcentage de personnes buvant plus que recommandé.

D'un âge à un autre, c'est surtout le type de consommation qui change: "ainsi, les plus jeunes dépassent plus fréquemment le seuil des deux verres par jour tandis que leurs aînés dépassent davantage les cinq jours de consommation dans la semaine. Ce constat s’observe parmi les hommes comme parmi les femmes".
Part de personnes dépassant chaque dimension des repères de consommation d'alcool par tranche d’âge parmi les femmes
Part de personnes dépassant chaque dimension des repères de consommation d'alcool par tranche d’âge parmi les femmes © Santé Publique France

En revanche, si l'écart hommes-femmes est flagrant, "la consommation d’alcool au-delà des repères n’est pas très marquée sociodémographiquement", note SPF. L'enquête note toutefois que certaines populations sont plus à risque de dépasser les repères, comme "les femmes ayant un diplôme élevé, les hommes au chômage et les personnes (hommes et femmes) ayant des revenus élevés", des résultats qui avaient "déjà été observés à partir des données de précédentes éditions du Baromètre Santé".

Quelles limites?

L'agence nationale de santé publique souligne plusieurs limites dans ses résultats. D'une part, il s'agit avant tout de déclarations, qui peuvent donc être en partie fausse, biaisées par exemple par une volonté "de désirabilité sociale", soit "se présenter sous un jour plus favorable à l’enquêteur", note SPF. Cela signifie que certains ont par exemple pu sous-estimer leur consommation d'alcool. Mais ce biais "dépendant des représentations de la population sur l’alcool, il a possiblement peu varié entre 2017 et 2020 et permet ainsi des comparaisons temporelles à biais constant".

Une autre limite concerne l'exclusion, dans ces résultats, d'une partie de la population comme "les personnes vivant dans une grande précarité, les sans-domicile... Or, ces populations pourraient avoir des comportements plus à risque", rappelle SPF, "des enquêtes spécifiques sont nécessaires".
Part de personnes dépassant les repères de consommation d'alcool  par tranche d’âge et sexe, 18-85 ans, en France métropolitaine, en 2020
Part de personnes dépassant les repères de consommation d'alcool par tranche d’âge et sexe, 18-85 ans, en France métropolitaine, en 2020 © Santé Publique France

De plus, si les personnes interrogées déclarent avoir dépassé tel ou tel seuil, les questions ne portaient pas sur l'importance de ces dépassements. Ainsi, un individu ayant bu 12 verres pendant une semaine sera dans la même catégorie que celui en ayant bu 25. "Par conséquent, parmi les personnes dépassant les repères, nous n’identifions pas ceux présentant des troubles de l’usage de l’alcool ou une forte dépendance", écrivent les auteurs.

Enfin, le contexte particulier de la pandémie n'a pas permis d'interroger la population pendant une partie de l'année, en ce sens "les prochaines estimations hors contexte sanitaire et social exceptionnel seront ainsi nécessaires pour statuer sur le caractère très particulier des estimations réalisées en 2020".
Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV