"Trop risqué", "mieux pour tout le monde": avis partagés sur la fin du masque en intérieur d'ici la mi-mars

Après qu'Olivier Véran, le ministre des Solidarités et de la santé, a annoncé ce mercredi la "probable" levée de l'obligation du port du masque en intérieur - transports en comun et entreprises compris - d'ici la mi-mars "si les conditions sont réunies", les avis sont partagés. Si certains attendaient cette annonce avec impatience, d'autres se montrent plus réservés.
"Ce serait trop risqué"
Comme Evelyne, une retraitée de 74 ans. "Je continuerai de porter le masque", assure-t-elle avec conviction à BFMTV.com. Pour cette retraitée de l'Éducation nationale qui habite une petite commune de Seine-et-Marne, cette mesure est prématurée.
"Il y a encore trop de cas tous les jours, des personnes qui sont hospitalisées, les hôpitaux sont encore en flux tendu et il y a encore des personnes qui meurent du Covid, énumère Evelyne. L'épidémie n'est pas finie. Enlever le masque, ce serait trop risqué. C'est quand même la principale barrière au virus."
Selon les données officielles sur la situation sanitaire, si le nombre moyen de nouveaux cas confirmés quotidiens a baissé de plus de 44% ces sept derniers jours, il est toujours de près de 130.000 nouvelles personnes infectées quotidiennement. Quant au nombre moyen de nouvelles entrées en soins critiques, s'il a baissé de 18% en une semaine, quelque 240 personnes supplémentaires ont tout de même été admises chaque jour dans ces services hospitaliers.
Evelyne se veut ainsi prudente. "Je suis peut-être craintive ou trop précautionneuse, mais étant moi-même une personne à risque, par sécurité pour moi et pour les autres, je le garderai. On s'est habitué à porter le masque, on peut quand même continuer encore un peu."
Si Marion, une comédienne de 36 ans, estime elle aussi que "mi-mars, c'est quand même très proche", elle considère qu'il va "bien falloir arrêter de paniquer" et "apprendre à vivre avec ce virus", d'autant plus que le variant Omicron "semble moins dangereux". Plusieurs études britanniques ont assuré qu'Omicron entraîne moins d'hospitalisations que Delta. Si cette Parisienne envisage de ne plus porter le masque dans les commerces et certains lieux de culture - comme les musées et les théâtres - grands et aérés, elle se montre plus réticente pour les espaces réduits, clos et confinés, comme les petites salles de spectacle, de cinéma ou les transports en commun.
"À l'heure de pointe, quand le métro est bondé et qu'on est agglutiné les uns aux autres ou dans un petit théâtre, où on reste plusieurs heures assis collé aux autres spectateurs, je ne me vois pas l'enlever", témoigne-t-elle pour BFMTV.com.
Marion s'imagine déjà continuer à porter un masque l'hiver prochain dans les transports en commun, même si le Covid n'est plus qu'un mauvais souvenir, pour éviter les maladies saisonnières. "Ça ne me paraît pas aberrant et ça ne me posera pas de problème même si je suis la seule à le faire. Porter un masque ne me dérange pas."
La jeune femme reste cependant prudente à l'idée de se démasquer et de relâcher complètement sa vigilance sur les gestes barrière. Elle trouve même "hallucinant" le choix du Danemark de lever toutes les restrictions. Copenhague a en effet été le premier pays de l'Union européenne à tenter un retour à la vie d'avant la pandémie - assouplissement quasi total avec réouverture des boîtes de nuit et suppression des jauges - avant que d'autres pays, comme l'Islande, la Finlande, la Suède ou les Pays-Bas n'annoncent faire de même.
Pour d'autres, il est grand temps de tourner la page du masque. C'est le point de vue de Pauline, une travailleuse sociale de 24 ans qui réside dans un village de l'Yonne. La fin de cette obligation en intérieur, "c'est mieux pour tout le monde", affirme-t-elle à BFMTV.com, estimant qu'il faudra bien, un jour, retourner à la vie d'avant.
Cette jeune femme explique avoir déjà commencé à l'enlever sur son lieu de travail - "j'ai un bureau éloigné de mes collègues et avec des vitres", précise-t-elle. Elle a hâte de pouvoir enfin s'en débarasser.
"Franchement, dans certains cas, on se demande vraiment à quoi sert le masque vu le nombre de personne qui le portent mal ou qui ne le changent même pas."
Un "besoin" pour les enfants
Christèle, une chargée de relations médias parisienne de 37 ans, se montre quant à elle plus mesurée. Si elle confie ne pas être prête à l'enlever sur son lieu de travail, dans les commerces, cabinets médicaux, théâtres et cinémas, elle se dit cependant soulagée à l'idée que d'autres, notamment les professionnels de la petite enfance et les enseignants dans les écoles, ne le portent plus.
"C'est aux enfants que je pense, indique-t-elle à BFMTV.com. Notamment à mon fils qui va à l'école. C'est compliqué pour les enfants d'apprendre à parler, à lire les émotions, à s'exprimer sans voir le visage des adultes et de leurs enseignants. Ce sont eux qui ont besoin de ne plus être entourés d'adultes qui portent des masques."
Lors d'une précédente prise de parole qui visait à répondre aux questions des Français et Françaises, Olivier Véran s'était montré optimiste dans la lutte contre le Covid-19, estimant que "le pire" était derrière nous. Verdict dans quelques semaines.