Travail, tâches ménagères... Les stéréotypes de genre encore très ancrés, notamment chez les hommes

Les clichés ont la peau dure. Deux semaines après la parution d'une nouvelle étude accablante du Haut Conseil à l'Égalité sur l'état des lieux du sexisme en France, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) s'est penchée sur la persistance des stéréotypes de genre dans la société.
Dans une étude publiée ce jeudi 8 février, l'organisme révèle que la majorité des Français rejette les stéréotypes de genre pris dans leur ensemble. Toutefois, certains clichés sont tenaces, notamment chez les hommes.
26% des Français adhèrent à des stéréotypes de genre
Parmi les personnes ayant répondu aux questions (ci-dessous) de la Drees en 2020 et 2022, plus d’une sur deux rejette les stéréotypes de genre (13% les rejettent fortement et 41% y sont modérément opposées). À l’inverse, elles sont 26% à y adhérer, 9% de manière marquée et 16% modérément. Les 21 % restantes se situent dans une position "ambivalente".

Les hommes se retrouvent deux fois plus souvent que les femmes dans la catégorie "adhésion forte" aux stéréotypes de genre (6% contre 12%) et sont, en revanche, bien moins nombreux dans la catégorie "rejet total" (10% contre 15 %).

Les représentations stéréotypées liées au soin (aux enfants, aux personnes malades...) sont celles qui reçoivent le plus d’approbation dans l’ensemble de la population. Ainsi, 6 personnes sur 10 adhèrent à l’idée que les mères savent mieux répondre aux besoins et attentes des enfants que les pères et 4 sur 10 que les femmes font de meilleures infirmières que les hommes.
Toujours une forte inégalité dans le couple
De manière générale, les hommes, les personnes de 65 ans ou plus, les immigrés et les moins diplômés (CAP, BEP, brevet des collèges ou non diplômés) sont plus susceptibles d'adhérer aux stéréotypes de genre, note la Drees. À l’inverse, les femmes et les personnes diplômées du supérieur sont surreprésentées parmi les personnes qui les rejettent.
Si un haut niveau d'éducation semble jouer dans le rejet des clichés de genre, le phénomène s'inverse quand on se focalise sur le niveau de revenus des sondés. Ainsi, les plus élevés sur l’échelle de niveau de vie sont plus susceptibles d’adhérer à certains stéréotypes (à diplômes, professions et autres caractéristiques sociodémographiques donnés), en particulier ceux concernant de supposées différences d’aptitudes professionnelles entre hommes et femmes, souligne la Drees.
Le baromètre met également en lumière la persistance d’une inégalité forte dans les couples. 54% des femmes déclarent qu’elles prennent majoritairement elles-mêmes en charge les tâches ménagères contre 7% des hommes. Cet écart entre hommes et femmes est presque aussi élevé concernant les activités consacrées aux enfants (repas, loisirs, éducation) : 46% des femmes déclarent les faire majoritairement elles-mêmes plutôt que leur partenaire, contre 6% des hommes.
Selon la Drees, "stéréotypes et pratiques domestiques apparaissent corrélés: plus les personnes adhèrent aux stéréotypes de genre, moins elles déclarent un partage égalitaire dans leur couple".